Un canon anti-UAV peut brouiller les signaux de communication (Photo : NYT).
Depuis des mois, des drones fabriqués par Quantum Systems, une entreprise technologique allemande, opèrent sans problème dans les rangs de l'armée ukrainienne. Ils volent au-dessus de nos têtes pour repérer les chars et les forces russes.
Mais à la fin de l’année dernière, ces machines sont soudainement « tombées » comme des feuilles du ciel au retour d’une mission. « C'est un véritable mystère », a déclaré Sven Kruck, PDG de Quantum, qui a reçu une lettre du ministère ukrainien de la Défense demandant une explication de l'incident.
Mais les ingénieurs de Quantum ont rapidement compris le problème : les Russes avaient brouillé le signal sans fil reliant le drone au satellite de navigation, ce qui a fait perdre son chemin à l'avion et l'a fait chuter au sol.
Pour s'adapter, Quantum a développé un logiciel basé sur l'intelligence artificielle (IA) pour agir comme une sorte de copilote et a ajouté une option manuelle pour que le drone puisse atterrir à l'aide d'un contrôleur Xbox.
En Ukraine, une bataille fait rage dans le monde invisible des ondes électromagnétiques, où les signaux radio sont utilisés pour perturber les liaisons de communication avec les drones et les soldats, pour identifier des cibles et tromper les armes guidées.
Aujourd’hui, cette tactique est devenue un jeu du chat et de la souris entre la Russie et l’Ukraine, entraînant discrètement des changements tactiques dans le conflit qui dure depuis 21 mois et forçant les ingénieurs à s’adapter.
Ces techniques ont transformé la guerre en Ukraine en « un laboratoire par procuration » que les États-Unis, l’Europe et la Chine surveillent de près pour voir ce qui pourrait influencer un futur conflit, affirment les experts.
Un drone en plastique noir est connecté à un appareil dans un sac à dos posé au sol (Photo : NYT).
Presque toutes les technologies de communication reposent sur des signaux électromagnétiques, qu’il s’agisse des soldats équipés d’ondes radio, des drones connectés aux pilotes ou des missiles reliés aux satellites. Un outil basique mais efficace est un brouilleur, qui perturbe les communications en envoyant un signal puissant à la même fréquence utilisée par un talkie-walkie ou un drone pour provoquer tellement d’interférences que le signal ne peut pas être transmis.
Il existe également des signaux frauduleux, qui peuvent convaincre un drone ou un missile qu'il dévie de sa trajectoire en lui donnant de fausses coordonnées. Dans d’autres cas, les signaux frauduleux imitent ceux produits par des missiles ou des avions pour tromper les systèmes de défense aérienne et leur faire détecter des attaques qui n’ont jamais eu lieu.
« La Russie a réagi plus rapidement que prévu. Cela devrait inquiéter l’OTAN », a déclaré James A. Lewis, un ancien responsable américain qui écrit sur la technologie et la sécurité pour le Center for Strategic and International Studies (CSIS) à Washington.
Une représentation visuelle de la fréquence changeante rapide de la radio militaire Himera, qui dispose d'une technologie de saut de signal qui la rend difficile à brouiller (Photo : NYT).
Alors que l’Ukraine développe des techniques de contre-brouillage, certaines de ces tactiques sont appliquées aux États-Unis et à leurs alliés, a déclaré M. Clark de l’Hudson Institute. Pour beaucoup sur le front ukrainien, ces améliorations sont arrivées trop tard. « Même si vous rendez votre drone invisible, votre contrôleur et votre antenne émettent toujours des signaux », a déclaré un pilote de drone ukrainien.
Les Russes ont pu détecter une fenêtre d'environ 200 mètres carrés de large où un pilote opérant le drone pourrait se trouver, a-t-il ajouté, notant que l'artillerie russe était arrivée à « environ 15 à 20 mètres » de le frapper. « Cela ne peut pas être complètement caché », a-t-il déclaré.
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