Ces derniers jours, la situation sécuritaire au Kosovo est en alerte, alors que les Serbes - majoritaires dans certaines localités du nord - se sont affrontés à la police pour protester contre les nouveaux maires albanais le 26 mai.
 |
| Des soldats de la KFOR affrontent des manifestants à l'entrée de la mairie de Zvecan, au Kosovo, le 26 mai. (Source : Reuters) |
Les Serbes, majoritaires dans certaines régions du nord du Kosovo, ont boycotté les élections locales d'avril, tandis que les candidats albanais ont remporté les élections municipales.
Les Serbes exigent que les autorités du Kosovo ne laissent pas le maire albanais prendre ses fonctions et permettent à l'ancien gouvernement local de revenir au pouvoir.
Le 26 mai, la police a escorté trois nouveaux maires dans les mairies locales pour prendre leurs fonctions alors que de nombreux Serbes s'étaient rassemblés devant les bâtiments pour protester.
À Zvecan, ces personnes ont tenté de franchir la barrière de sécurité pour entrer dans le bâtiment, ce qui a poussé la police kosovare à utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser la foule.
Pendant ce temps, dans la ville de Leposavic, près de la frontière serbe, des soldats de la paix américains en tenue anti-émeute ont placé des barbelés autour de la mairie pour protéger la zone des centaines de Serbes en colère rassemblés à proximité.
Les forces de maintien de la paix de l'OTAN ont également bloqué l'hôtel de ville de Zubin Potok et installé des clôtures de sécurité autour des deux hôtels de ville.
Selon l'annonce de la mission de maintien de la paix de l'OTAN (KFOR) du 29 mai, environ 25 soldats italiens et hongrois de cette unité ont été blessés lors d'affrontements avec les Serbes.
La KFOR a souligné que ces « attaques non provoquées sont inacceptables et qu'elle continuera à mener à bien sa mission ».
Dans ce contexte, le même jour, le 26 mai, le président serbe Aleksandar Vucic a placé l'armée du pays en état d'alerte maximale et a ordonné à ses unités de se rapprocher de la frontière avec le Kosovo.
De nombreux pays et organisations internationales ont fermement condamné les affrontements entre la police et les manifestants dans le nord du Kosovo.
Le 26 mai, un porte-parole de l'Union européenne (UE) a exprimé son « profond regret » face aux attaques et a appelé toutes les parties à prendre des mesures immédiates pour réduire les tensions et rétablir le calme immédiatement.
L’UE affirme qu’elle n’acceptera aucune nouvelle action unilatérale ou provocatrice et que le maintien de la paix et de la sécurité sur le terrain doit être une priorité.
Le même jour, dans une déclaration commune publiée sur le site Internet du gouvernement britannique, cinq pays, dont la France, l'Italie, l'Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni, ont critiqué la décision du gouvernement kosovar d'utiliser la force à l'approche de bâtiments urbains dans le nord du Kosovo, malgré les appels à la retenue.
Le 26 mai également, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a critiqué les actions du gouvernement du Kosovo, les jugeant contraires aux recommandations de Washington et de l'Europe, aggravant fortement et inutilement les tensions.
Selon M. Blinken, la décision du Kosovo « sape les efforts internationaux visant à normaliser les relations entre le Kosovo et la Serbie et aura des conséquences sur les relations bilatérales de chaque pays qui souhaite aider le Kosovo ».
Le 28 mai, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a appelé le Kosovo à désamorcer les tensions avec la Serbie et à « ne pas prendre de mesures unilatérales et déstabilisatrices ».
Le 29 mai, le haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a exprimé son inquiétude face aux affrontements, déclarant que la violence contre les forces de la KFOR était « totalement inacceptable » et a appelé toutes les parties à désamorcer les tensions « immédiatement et sans condition ».
Le même jour, le 29 mai, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que les tensions entre le Kosovo et la Serbie pourraient conduire à « une explosion majeure au cœur de l'Europe... La situation est très alarmante ».
Entre-temps, le 30 mai, le ministère français des Affaires étrangères a annoncé que le rétablissement immédiat de la stabilité dans le nord du Kosovo était important pour la sécurité européenne.
"Il est plus que jamais nécessaire que la Serbie et le Kosovo fassent preuve de responsabilité en revenant à la table des négociations avec une attitude de compromis pour la paix et la prospérité de leurs peuples", a déclaré la porte-parole du ministère, Anne-Claire Legendre, dans un communiqué.
Elle a également appelé les deux parties, en particulier les autorités du Kosovo, à prendre immédiatement les mesures nécessaires pour désamorcer les tensions.
« Nous ne pouvons accepter que la stabilité de la région soit menacée dans le contexte international actuel. Il s'agit d'une question de sécurité européenne », a souligné le responsable français.
Du côté serbe , le même jour, le bureau du président Aleksandar Vucic a annoncé que le dirigeant prévoyait de rencontrer les ambassadeurs des États-Unis, de Russie, de Chine, de Grande-Bretagne et le chef du bureau de l'UE en Serbie pour discuter de l'incident.
M. Vucic aura ensuite des entretiens séparés avec les ambassadeurs de Finlande, de Russie et de Chine.
Le Kosovo a déclaré unilatéralement son indépendance de la Serbie en 2008. Le territoire compte environ 1,8 million d'habitants, dont 90 % sont d'origine albanaise. Environ 120 000 Serbes de souche vivant dans le nord du Kosovo ne reconnaissent pas ce gouvernement et sont politiquement fidèles à la Serbie.
Source
Comment (0)