La Chine a annoncé le 31 juillet qu'elle imposerait des restrictions sur l'exportation de drones et de certaines pièces utilisées dans la production de ces appareils. Cette décision pourrait affecter la production d’avions à l’étranger, y compris ceux utilisés par les forces armées dans le conflit en Ukraine.
À partir du 1er septembre, les entreprises chinoises ne seront plus autorisées à exporter certains types de drones, leurs moteurs et leurs équipements d'imagerie infrarouge sans licence, ont déclaré des agences gouvernementales, dont la Commission militaire centrale de Chine.
L'agence a également ajouté que la Chine ne ciblait aucun pays en particulier et que les restrictions ne seraient pas en vigueur plus de deux ans.
« Cette décision pourrait être considérée comme un compromis de la part de Pékin pour éviter de perdre des marchés internationaux et d'éventuelles sanctions de la part de l'Occident, en particulier après que les États-Unis ont annoncé la découverte de drones de fabrication chinoise exportés vers la Russie », a déclaré Antony Wong Tong, analyste basé à Macao.
Selon M. Tong, Pékin doit clairement démontrer sa position neutre pour protéger les intérêts nationaux, en particulier dans le contexte de pression croissante de l’Occident.
La Chine aide la Russie à échapper aux sanctions et pourrait fournir à Moscou des technologies militaires et à double usage pour les utiliser dans son conflit avec l'Ukraine, selon un rapport publié par le Bureau du directeur du renseignement national le 27 juillet.
Des soldats ukrainiens testent le fonctionnement des drones avant de les envoyer dans la zone de conflit dans l'est de l'Ukraine. Photo : The Guardian
Les restrictions sur les exportations de drones pourraient être considérées comme une « réponse responsable » aux appels internationaux en faveur d'une solution pacifique au conflit, a déclaré Zhou Chenming, chercheur au groupe de réflexion Yuan Wan Military Science and Technology basé à Pékin. « Pékin se rend compte que ce serait une erreur de ne rien faire pour empêcher l’escalade de la guerre », a déclaré Zhou.
Les nouvelles restrictions vont certainement causer de graves dommages aux entreprises chinoises, car la Russie et l’Ukraine élargissent leur recherche de fournisseurs de drones étrangers.
Il est toutefois difficile de prédire si la Russie ou l'Ukraine seront les plus touchées, car cela dépend du nombre de drones qu'elles importent de tiers, a déclaré Fu Qianshao, un analyste de l'aviation militaire chinoise.
Au cours du premier semestre de cette année, la Russie a dépensé environ 562,7 millions de dollars en drones et autres équipements couverts par les dernières restrictions à l'exportation, tandis que l'Ukraine n'a dépensé qu'environ 11,6 millions de dollars, selon les données des douanes chinoises.
« La Chine sera le pays qui subira le plus de dommages, car elle représentait auparavant plus de 70 % des parts de marché sur le marché international des drones », a commenté M. Fu.
Le professeur Ni Lexiong de l'Université des sciences politiques et de droit de Shanghai a déclaré que pour démontrer que la Chine est une puissance responsable, Pékin doit montrer au monde qu'elle est prête à sacrifier ses intérêts économiques.
« Les nouvelles restrictions sont également une mesure visant à réfuter les accusations occidentales selon lesquelles Pékin profiterait de ce conflit », a conclu le professeur .
Nguyen Tuyet (selon SCMP, Bloomberg)
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