Carnet de voyage au Vietnam : dans la rue Cai Quan

Par la route, la distance entre Tourane [Da Nang] et Hué est de 120 kilomètres. Par mer, le pire sloop chinois pouvait accomplir le voyage en huit ou dix heures, à condition que le temps fût assez favorable pour permettre le passage par le haut-fond de l'estuaire de Thuan An pour entrer dans la rivière des Parfums, qui, cette saison, était infranchissable huit jours sur dix. À plusieurs reprises, le sloop, même s'il avait atteint le port, était obligé de revenir à son point de départ.

Sur la route de Da Nang à Hué, 1898

Photo : André Salles (1860 - 1929) - Source : Bibliothèque nationale de France

Je marchais lentement à pied, parfois tenant un bâton, parfois assis sur une chaise en rotin portée sur les épaules de quatre robustes porteurs de palanquin ; Selon la nuit, nous dormions parfois temporairement chez l'habitant ou dans une cabane en bambou branlante construite au bord de la route. Si j'y vais lentement, je peux au moins traverser un pays majestueux en gravissant le col de Hai Van le long de l'ancienne route de Cai Quan.

La route principale vers Hué. Une route pas comme les autres, certaines parties sont pavées, certaines sont sablonneuses, certaines sont des sentiers dangereux serpentant à travers des glissements de terrain, certaines sont des fossés boueux menant aux rizières.

Au départ de Tourane, traversez le littoral long de 20 kilomètres. Cette partie du trajet est très désagréable à cause du soleil qui se reflète sur la plage, sans parler des innombrables bras de rivière ou lagunes, des marais à marée basse, des vastes étangs à marée haute sans aucun pont à traverser. Nous avons dû compter sur les ferries. Il est préférable d'éviter ce tronçon de route en passant par Vung Tau jusqu'au petit village de Lien Chieu, où la route de Cai Quan commence à mener jusqu'au col de May [Ai Van, ou col de Hai Van]. Un bon bateau à vapeur effectue le voyage en une heure et demie.

Voici comment je – ou plutôt, nous – l’avons fait. J'ai eu la chance d'être accompagné par un employé très gentil de la Compagnie Maritime nommé Bertrand, qui devait se rendre à Hué. Il m'a chaleureusement accueilli sur le sloop de la compagnie. Malgré les vents forts et les vagues, le navire nous a rapidement amenés, ainsi que tous nos bagages, à la baie de Lien Chieu vers 15 heures.

Débarquer était assez compliqué. Nous sommes d'abord montés dans une barque de pêche, une longue barque en bambou goudronnée : bientôt notre petite barque, qui n'avait coulé que de quelques centimètres, s'est échouée, et les bateliers ont dû sauter à l'eau pour la tirer avec difficulté. Finalement, étant tellement épuisés, ils décidèrent que le moyen le plus rapide était de nous porter sur leurs épaules et nous arrivâmes ainsi au rivage, inévitablement éclaboussés de boue pendant que nous avancions.

Sur la plage, les coolies attendaient avec leurs perches ; des hommes trapus, musclés, corpulents, presque torse nu, leurs pantalons bouffants remontés jusqu'aux hanches, leurs chemisiers courts enroulés autour du cou. Le groupe de coolies a été mobilisé par la station Lien Chieu, nous avons vu quelques tentes de cette station sous les grands arbres, à environ un champ de tir du rivage.

Le mot « station » semble étrange à première vue. Cela évoque dans notre esprit un véhicule roulant sur des rails [homonyme du mot français « tramway », qui signifie véhicule électrique]. « Station », ai-je besoin de le dire ? Ce mot n'a rien en commun avec tram même s'il sonne pareil. C'est tout simplement l'équivalent de l'ancienne poste de notre pays, mais la différence est que la poste ici n'a pas de chevaux. Jusqu'à présent, l'Annam ne comptait que des postes employant du personnel.

Seulement à quelques endroits sur la route de Cai Quan, nous voyons quelques chevaux maigres, mais sauf quelques cas particuliers, les gens ne sont pas autorisés à utiliser ces chevaux, ils ne sont utilisés que pour accélérer le transport du courrier de l'État dans les plaines. Chaque station est espacée de 15 à 20 kilomètres et est supervisée par une équipe de stations, qui opèrent de manière assez régulière. Ici, les visiteurs peuvent facilement trouver des porteurs et des porteurs de palanquin.

De la Baie de Tourane au Col de Hai Van, l'ancienne route a été partiellement réparée. Une route a été construite par le Corps des ingénieurs il y a plusieurs années ; Bien qu'inachevé, parsemé de ravines, d'éboulis et d'énormes blocs de granit, il nous a permis de parcourir rapidement les deux tiers de la distance grâce à une pente douce. Mais il était désormais trop tard. Lorsque nous avons quitté Lien Chieu, le soleil était sur le point de se coucher. Et maintenant, le ciel est noir comme de l'encre.

Pour raccourcir la distance, nous avons emprunté un autre chemin : ce n'était pas un sentier mais le lit d'une cascade. Les hommes en tête avançaient, se penchant, parfois allongés sur le ventre, tandis que leurs camarades derrière se tenaient debout, les bras levés, tenant la civière presque verticalement.

Ils continuèrent leur chemin, agiles et agiles comme des chats, parmi des rochers déchiquetés, des arbres tombés et des vignes épineuses. Deux hommes sont partis en reconnaissance, tenant de longues torches en roseau. Parfois, ils brûlent la brousse. Le fort vent marin attisait les flammes et nous avancions sous la lumière du grand brasier. (à suivre)

Nguyen Quang Dieu extrait du livre Around Asia: Cochinchina, Central Vietnam, and Bac Ky , traduit par Hoang Thi Hang et Bui Thi He, AlphaBooks - National Archives Center I et Dan Tri Publishing House publié en juillet 2024)

Source : https://thanhnien.vn/du-ky-viet-nam-tren-duong-cai-quan-185241209235423938.htm