Les tensions diplomatiques s'intensifient
Les relations entre l’Inde et le Canada sont au plus bas depuis que le Premier ministre canadien Justin Trudeau a laissé entendre que les services de renseignement indiens étaient impliqués dans la mort de Hardeep Singh Nijjar, un leader sikh canadien.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau (à gauche) et le Premier ministre indien Narendra Modi lors d'une réunion en septembre
Compte X Justin Trudeau
Selon l'AFP, M. Nijjar a immigré au Canada en 1997, a prôné la création d'un État sikh séparé de l'Inde et était recherché par les autorités de New Delhi pour terrorisme et tentative de meurtre. Il a été abattu par deux hommes masqués sur le parking d'un temple près de Vancouver, au Canada, en juin.
En septembre, les deux parties se sont livrées à une altercation diplomatique et de voyage à la suite des accusations de Trudeau, que l'Inde a fermement niées. Plus tôt cette semaine, le Canada a annoncé avoir rappelé 41 diplomates d’Inde, un jour avant la date limite fixée par New Delhi, « pour assurer leur sécurité » et celle de leurs personnes à charge.
« La levée de l'immunité diplomatique de 41 diplomates est non seulement sans précédent, mais également contraire au droit international », a déclaré la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, ajoutant qu'Ottawa ne réagirait pas pour éviter une escalade de la situation.
Entre-temps, le ministère indien des Affaires étrangères a affirmé que la demande adressée au Canada était « dans le cadre des règles internationales ». « Le nombre de diplomates canadiens en Inde est beaucoup plus élevé et leur ingérence continue dans nos affaires intérieures nécessite un équilibre dans la présence diplomatique réciproque », a déclaré la partie indienne.
Le 20 octobre, le Canada a annoncé la suspension temporaire des opérations en personne dans plusieurs consulats de villes indiennes, notamment Bengaluru, Chandigarh et Mumbai. Entre-temps, Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) a réduit son personnel en Inde de 27 à cinq, avertissant que les délais de traitement des visas pourraient être affectés. Auparavant, l’Inde avait temporairement suspendu la délivrance de visas au Canada.
Des « millions » de personnes touchées
Lors d'une conférence de presse le 20 octobre, le Premier ministre Trudeau a déclaré que les actions de l'Inde contre les diplomates rendaient la vie difficile à des millions de personnes dans les deux pays, car leurs voyages, leurs échanges commerciaux et leur éducation seraient affectés. Environ 2 millions de Canadiens (5 % de la population) ont un héritage indien, tandis que les étudiants indiens constituent le plus grand nombre (40 %) d’étudiants étrangers qui étudient au Canada.
Dans le même temps, certains craignent que les tensions diplomatiques ne se répercutent sur le commerce et les investissements. Toutefois, deux sources gouvernementales indiennes de haut rang ont déclaré à Reuters que New Delhi n’avait pas l’intention d’imposer des restrictions sur les importations ou les investissements en provenance d’Ottawa. Le chiffre d'affaires total du commerce bilatéral en 2022 est de 8 milliards USD. Le Canada a investi plus de 3,6 milliards de dollars en Inde, dont plus de 40 % ont été consacrés aux secteurs des services et des infrastructures.
À la lumière de ces développements, les deux alliés du Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni, ont exhorté l’Inde à ne pas insister pour qu’Ottawa réduise sa présence diplomatique. Le porte-parole du département d'Etat américain, Matthew Miller, s'est dit préoccupé par le renvoi des diplomates canadiens d'Inde et a déclaré que Washington et Londres avaient appelé New Delhi à coopérer dans l'enquête sur la mort de Nijjar.
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