La Chine a approuvé le premier réacteur utilisant du thorium, un combustible qui pourrait alimenter le pays pendant 20 000 ans.
La Chine dispose d’abondantes réserves de thorium. Photo : IEEE Spectrum
Le réacteur à sels fondus au thorium (MSR) alimenté par combustible liquide de 2 mégawatts (MW) est situé dans la ville de Wuwei, dans le désert de Gobi, dans la province du Gansu, et est exploité par l'Institut de physique appliquée de Shanghai de l'Académie chinoise des sciences. La licence, délivrée par l'Administration nationale de la sûreté nucléaire le 7 juin, permet à l'institut d'exploiter le réacteur pendant 10 ans et de commencer les opérations de test. En vertu de la licence, l’institut sera responsable de la sécurité du réacteur et devra se conformer à toutes les lois et normes techniques pertinentes.
Le réacteur MSR au thorium est une technologie nucléaire avancée qui utilise des liquides, généralement des sels fondus, comme combustible et liquide de refroidissement. Ce type de réacteur offre plusieurs avantages potentiels par rapport aux réacteurs à uranium traditionnels, notamment une sécurité accrue, une réduction des déchets et une meilleure efficacité du combustible. Le thorium est plus abondant que l’uranium et la Chine possède de très grandes réserves de thorium. Le nouveau réacteur est une avancée majeure dans le secteur de l’énergie nucléaire en Chine, démontrant les progrès du pays dans le développement et le déploiement d’une technologie nucléaire avancée.
Le projet a été lancé en 2011 mais la construction n'a commencé qu'en 2018. La construction du réacteur devait initialement prendre six ans, mais les scientifiques et les ingénieurs ont terminé les travaux en environ trois ans. Il a fallu plus de deux ans à l’agence environnementale pour confirmer que l’installation répondait aux normes de sécurité les plus élevées.
La Chine n’est pas le premier pays à construire un réacteur au thorium, mais aucune tentative antérieure n’a dépassé le stade expérimental. Le laboratoire national d'Oak Ridge (ORNL) aux États-Unis a mené l'expérience du réacteur à sel fondu de 1965 à 1969 et a démontré avec succès la faisabilité d'un MSR au thorium. Cependant, ils n’ont pas encouragé l’utilisation commerciale en raison d’un certain nombre de facteurs, notamment des budgets limités et des priorités changeantes.
Le MSR au thorium de Wuwei subira des opérations de test après le chargement du combustible. Le test consistait d’abord à atteindre le point critique, le point à partir duquel une réaction nucléaire peut se maintenir. Il s’agit d’une étape essentielle du processus de démarrage du réacteur, impliquant des conditions soigneusement contrôlées pour garantir qu’un état d’auto-entretien soit atteint sur un chemin sûr.
Un autre test consiste à éteindre intentionnellement le four ou à réduire le niveau de puissance en dessous de 90 % de la puissance maximale. Les ingénieurs doivent surveiller le processus pour s’assurer que le four fonctionne dans des limites de sécurité et que tout changement ou ajustement est surveillé. Le rapport des résultats sera soumis à l’Autorité de sûreté nucléaire dans les deux mois suivant la fin de tous les tests.
La Chine possède l’une des plus grandes réserves de thorium au monde, estimée à plus de 20 000 ans pour répondre aux besoins totaux en électricité du pays. Si le réacteur à sels fondus est un succès et commercialement viable, la technologie pourrait aider la Chine à étendre l’énergie nucléaire à ses villes de l’intérieur.
L’un des avantages du MSR au thorium est la flexibilité de son emplacement. L’utilisation de sel fondu comme combustible et liquide de refroidissement permet un transfert de chaleur plus efficace, éliminant le besoin de grandes quantités d’eau comme dans les réacteurs conventionnels. Grâce au MSR au thorium, la Chine peut construire des centrales nucléaires dans des villes éloignées des zones côtières, réduisant ainsi sa dépendance aux combustibles fossiles.
An Khang (selon SCMP )
Lien source
Comment (0)