(CLO) La guerre civile qui dure depuis 13 ans en Syrie a une fois de plus attiré l'attention internationale lorsque les rebelles ont soudainement attaqué la ville stratégique d'Alep. Cette résurgence de la guerre montre que la situation au Moyen-Orient va devenir encore plus tendue et compliquée.
La guerre civile réactivée après 8 ans de « gel »
Le 29 novembre, les factions de l'opposition syrienne et le groupe rebelle islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) ont rapidement progressé dans les quartiers de la ville d'Alep lors d'une attaque surprise contre les forces gouvernementales, les forçant à battre en retraite et à perdre des positions stratégiques, notamment une grande partie de l'autoroute M5.
Les forces rebelles ont pris le contrôle de vastes zones dans l’ouest d’Alep et l’est d’Idlib. En réponse, les avions de guerre du gouvernement syrien et russes ont ciblé la province d'Idlib, où au moins 23 frappes aériennes ont touché la capitale provinciale et plusieurs villes de la campagne environnante le 29 novembre.
Des combattants rebelles syriens conduisent des véhicules militaires sur l'autoroute M5 à Alep le 29 novembre. Photo : AFP
Il s'agissait de la première attaque de l'opposition contre Alep depuis 2016, lorsqu'une campagne de frappes aériennes des avions de guerre russes avait aidé le président syrien Bachar al-Assad à reprendre la ville du nord-ouest. Le soutien de la Russie, de l’Iran et de plusieurs États arabes de la région a aidé M. Assad à maintenir la stabilité, avec environ 70 % de la Syrie sous son contrôle.
Mais cette attaque surprise montre que cette guerre autrefois « gelée » est en train d'être réactivée, soulevant la perspective d'une réémergence d'un autre front violent au Moyen-Orient, en plus des guerres israéliennes à Gaza et au Liban, ainsi que dans de nombreux autres points chauds comme la Cisjordanie occupée, le Yémen, la mer Rouge ou l'Irak.
Pourquoi la Syrie est-elle en proie à une guerre civile ?
La guerre civile syrienne a commencé le 15 mars 2011, lorsque des manifestations antigouvernementales, dans le cadre du mouvement plus large du « Printemps arabe » en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, ont éclaté à travers le pays.
La situation a ensuite dégénéré en conflit armé lorsqu’une force rebelle a été formée, appelée l’Armée syrienne libre, avec le soutien de l’Occident et de certains pays arabes, pour lutter contre le régime d’Assad.
La guerre civile a provoqué une grave instabilité en Syrie et il n'y a presque aucune issue, le pays est « divisé en cinq parties ». L’Arabie saoudite, l’Iran, les États-Unis, la Russie et la Turquie sont tous impliqués dans le soutien aux différentes parties de la guerre, ce qui amène les observateurs à la décrire comme une « guerre par procuration ». Même le groupe terroriste EI pourrait prendre pied dans l’instabilité et le chaos qui règnent dans le pays.
Les rebelles syriens disposent d'une variété d'armes sophistiquées telles que des chars et des mitrailleuses dans leur dernière offensive. Photo : Reuters
Le président Assad combat depuis 13 ans les forces d’opposition qui cherchent à le renverser, un conflit qui a fait environ un demi-million de morts. Quelque 6,8 millions de Syriens ont fui le pays, créant un afflux de réfugiés qui a contribué à modifier la carte politique en Europe avec des mouvements d'extrême droite anti-immigrés.
Environ 30 % du pays qui n’est pas sous le contrôle de M. Assad est détenu par un mélange de forces d’opposition et de troupes étrangères. Les États-Unis ont déployé environ 900 soldats dans le nord-est de la Syrie, loin d'Alep, pour contrer la résurgence de l'organisation terroriste autoproclamée État islamique (EI).
Les États-Unis et Israël mènent occasionnellement des frappes aériennes en Syrie contre des milices alliées à l’Iran. La Turquie dispose également de forces en Syrie et exerce une influence auprès de la large coalition de forces d’opposition qui attaquent Alep.
Après des années de peu de changements territoriaux significatifs entre les parties belligérantes en Syrie, ces combats « ont le potentiel de changer la donne », affirment les analystes.
Quel groupe a mené l’attaque d’Alep ?
Hayat Tahrir al-Sham (HTS), un groupe désigné comme organisation terroriste par les Nations Unies et plusieurs pays, a été identifié comme la principale force d'opposition à la tête de la récente attaque surprise contre Alep. Le groupe serait dirigé par le leader Abu Mohammed al-Golani.
Des rebelles islamistes armés d'armes lourdes prennent d'assaut la place Hayat Tahrir al-Sham à Al-Rashideen, dans la province d'Alep, en Syrie, le 29 novembre 2024. Photo : Reuters
Dans les premiers mois de la guerre syrienne en 2011, Abou Mohammed al-Golani est devenu le chef de la branche syrienne d'al-Qaïda. Golani et son groupe ont depuis revendiqué la responsabilité d’attentats meurtriers et ont mené des guerres contre les États-Unis et l’Occident. Cependant, en 2018, l’administration du président de l’époque, Donald Trump, a admis que les États-Unis ne visaient plus directement Golani.
Située au carrefour des routes commerciales et des empires depuis des milliers d'années, Alep est l'un des centres commerciaux et culturels du Moyen-Orient.
Avant la guerre, Alep comptait 2,3 millions d’habitants. Les rebelles ont pris le contrôle de l'est de la ville en 2012 et celle-ci est devenue le symbole le plus fier des avancées des factions armées de l'opposition.
En 2016, les forces gouvernementales soutenues par la Russie ont encerclé et attaqué violemment les groupes rebelles de la ville. Affamés et assiégés, les rebelles se rendirent à Alep cette année-là.
L'implication de l'armée russe a constitué un tournant dans la guerre, permettant au gouvernement du président Assad de maintenir une stabilité de base en Syrie pendant de nombreuses années jusqu'à ce que les rebelles attaquent à nouveau, faisant ainsi courir le risque à la situation de guerre au Moyen-Orient de se propager et de devenir plus compliquée.
Ngoc Anh (selon TASS, AP, AJ)
Source : https://www.congluan.vn/nhung-dau-hoi-phia-sau-cuoc-noi-chien-keo-dai-13-nam-o-syria-post323612.html
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