Il n'y a pas d'alternative à une attaque terrestre israélienne, a déclaré Michael Milshtein, ancien membre de l'agence de renseignement militaire israélienne et aujourd'hui chercheur au Centre Moshe Dayan pour les études sur le Moyen-Orient et l'Afrique à l'Université de Tel Aviv.
La région de Gaza après les bombardements israéliens. Photo : DW
« Le Hamas a toujours été très clair sur ses objectifs de promotion du djihad et d’éradication d’Israël », a-t-il déclaré.
Cependant, une question continue de se poser. Comment Gaza sera-t-elle gouvernée si Israël atteint ses objectifs ? Les Israéliens n’ont donné aucune réponse officielle à cette question. Il n’est pas certain non plus qu’ils puissent éliminer complètement le Hamas.
Et une chose est claire : il ne faut pas tolérer un vide du pouvoir. Un retrait rapide « laisserait un vide qui serait comblé par des groupes islamistes radicaux et non étatiques », a déclaré M. Milshtein.
La situation en Afghanistan en est un exemple. Là-bas, le groupe extrémiste « État islamique » a cherché à exploiter la faiblesse des institutions de l’État après la prise de pouvoir des talibans à ses propres fins. Des groupes extrémistes similaires ont également exploité le manque de contrôle de l’État dans la région du Sahel.
L’Iran, qui soutient le Hamas et d’autres milices de la région, pourrait également bénéficier d’un tel vide de pouvoir à Gaza et trouver de nouveaux alliés ou partenaires à l’intérieur de la bande de Gaza.
Alors, comment l’ordre sera-t-il rétabli dans la bande de Gaza après la fin de ce conflit ? Il existe un certain nombre d’options, mais chacune présente des défis, selon Milshtein.
Scénario 1 : Israël prend le contrôle de la bande de Gaza
Jusqu’en 2005, Israël a maintenu le contrôle militaire de la bande de Gaza et il est probable qu’il le fasse à nouveau. Mais une telle démarche pourrait également provoquer de nouvelles attaques militaires. Cette décision aurait également des conséquences problématiques sur l'équilibre des pouvoirs régionaux, a déclaré Stephan Stetter, professeur de politique internationale à l'Université des forces armées fédérales de Munich.
En outre, en vertu du droit international humanitaire, une puissance occupante a une responsabilité envers la population de la zone.
« Israël devrait alors assumer seul cette tâche. Financièrement, cela dépasserait ses capacités », a déclaré M. Stetter. Israël ne pourra pas non plus reprendre la bande de Gaza sans l’opposition de ses alliés occidentaux, dont les États-Unis.
Une telle démarche aurait également un impact négatif sur les relations d’Israël avec d’autres pays du Moyen-Orient, avec lesquels il tente de normaliser ses relations. « C’est pourquoi je pense qu’une telle démarche est peu probable », a déclaré M. Stetter.
Scénario 2 : L'Autorité palestinienne prend le pouvoir
Une autre alternative, selon M. Milshtein, serait que l’Autorité palestinienne revienne à Gaza et en prenne le contrôle, mais cette idée présente une faiblesse.
Le président palestinien Mahmoud Abbas. Photo : DW
L'Autorité palestinienne, dirigée par le président Mahmoud Abbas et dominée par le parti Fatah, administre des zones semi-autonomes en Cisjordanie occupée par Israël. Mais en réalité, elle ne contrôle qu’une petite partie de la Cisjordanie occupée. La majeure partie de cette zone est en réalité sous contrôle israélien.
L’Autorité palestinienne et le parti Fatah sont impopulaires auprès des habitants de la Cisjordanie occupée.
Les dernières élections ont eu lieu ici en 2005 et M. Abbas est au pouvoir depuis. Alors qu’il a été critiqué en Occident pour ses déclarations antisémites et son manque de distance avec le Hamas, les Palestiniens locaux lui reprochent de ne pas être suffisamment ferme et affirmé face à la force d’occupation israélienne.
Scénario 3 : Gouvernement civil palestinien
Une meilleure option, bien que plus difficile, serait un gouvernement civil palestinien mixte, a déclaré M. Milshtein. Une telle autorité pourrait être composée de différents représentants de la société palestinienne, comme les maires locaux. Il pourrait également avoir des liens étroits avec l’Autorité palestinienne.
Un tel modèle de leadership pourrait être soutenu par l’Égypte, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et les États-Unis. « Il est probable que ce nouvel ordre sera instable à long terme et devra faire face à de nombreux défis, mais il est bien meilleur que toutes les autres mauvaises alternatives », a déclaré M. Milshtein.
Scénario 4 : Gouvernement dirigé par l'ONU
Théoriquement, les Nations Unies pourraient prendre le contrôle d’une zone de conflit après la défaite d’une des parties au conflit, a déclaré M. Stetter, se référant à des exemples antérieurs au Kosovo.
« Mais ce n’est pas réaliste dans la bande de Gaza », a-t-il noté. « Ce serait beaucoup plus difficile, voire impossible, dans ce cas précis, car ce conflit est au cœur de l'opinion publique mondiale. Le fait que les pays occidentaux soient en mesure de jouer un rôle important dans ce domaine pourrait également être vivement critiqué. »
Obtenir l’approbation de l’ONU sur une telle question serait également difficile, a ajouté M. Stetter.
Scénario 5 : Un gouvernement dirigé par des Arabes
M. Stetter souhaite un scénario différent dans lequel d’autres États arabes prendraient le pouvoir dans la bande de Gaza, aux côtés de l’Autorité palestinienne.
« Cela pourrait en fait bénéficier à certains pays arabes, en particulier ceux qui ont une attitude prudente envers les groupes islamistes radicaux », a-t-il déclaré. Le Hamas est considéré comme la branche palestinienne des Frères musulmans, à laquelle s'opposent l'Égypte, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
Toutefois, M. Stetter souligne qu’un tel scénario pourrait convaincre les Palestiniens que leurs intérêts seront représentés plutôt que simplement mis de côté. Mais cela nécessiterait « un front uni, ainsi qu’une coopération avec l’Occident et les Nations Unies », a déclaré M. Stetter.
Outre le soutien politique, un soutien financier est également nécessaire pour qu’un tel modèle soit durable. Un tel modèle offrirait non seulement de meilleures perspectives aux Palestiniens, soutient M. Stetter, mais aussi une meilleure sécurité à Israël.
Hoang Viet (selon DW)
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