Le Vietnam demeure une attraction majeure pour les flux d’IDE

M. Michael Kokalari, directeur du département d'analyse macroéconomique et d'études de marché (VinaCapital), a déclaré qu'il existe très peu de pays au monde aussi aptes que le Vietnam à produire les types de produits que les entreprises d'IDE produisent ici.

M. Michael Kokalari, Directeur de l’analyse macroéconomique et des études de marché (VinaCapital).

Comment évaluez-vous le Vietnam en tant que destination pour les flux d’investissement direct étranger (IDE) ?

Les flux d’IDE au Vietnam resteront forts en 2024 et il existe des signes clairs que les IDE continueront d’affluer au Vietnam pendant de nombreuses années à venir. Au cours des 9 premiers mois de 2024, les capitaux IDE réalisés ont atteint plus de 17,3 milliards USD, soit une augmentation de 8,9 % par rapport à la même période en 2023.

Les entrées d’IDE équivalaient également à 5 % du PIB l’année dernière et VinaCapital prédit que ce niveau continuera d’être maintenu l’année prochaine. En replaçant ces chiffres dans le contexte des flux d’IDE en Chine culminant à environ 5 % du PIB, on constate que le Vietnam attire régulièrement des IDE équivalents au niveau que la Chine attirait à son apogée. Les capitaux d’IDE au Vietnam ont autrefois atteint un pic de 8 à 9 % du PIB.

Le Vietnam demeure une attraction majeure pour les IDE car les multinationales sont impressionnées par la qualité de la main d’œuvre vietnamienne (les salaires sont seulement la moitié de ceux de la Chine) et par la stratégie de « diplomatie du bambou » du Vietnam, qui garantit que les multinationales qui installent des usines au Vietnam peuvent facilement importer des composants clés de Chine et exporter des produits finis vers les États-Unis et l’UE.

Le Vietnam risque-t-il de perdre son attractivité dans un avenir proche, Monsieur ?

Certains craignent que l’Inde ne devienne un rival majeur du Vietnam en matière d’attraction des IDE. Ces inquiétudes se sont intensifiées après que le PDG d’Apple, Tim Cook, s’est rendu en Inde au début de l’année dernière et a annoncé des investissements importants dans le pays. Cependant, la plupart des IDE en Inde se concentrent sur la production de biens destinés à la consommation intérieure, et non à l’exportation vers le monde. Dans le cas d’Apple, l’Inde ne produit pas suffisamment d’iPhones pour répondre à la demande de son marché intérieur en pleine croissance, même après des investissements supplémentaires d’Apple et de ses fournisseurs en Inde.

L'Indonésie est un autre pays où VinaCapital est fréquemment interrogé sur les IDE et sur la question de savoir s'ils menacent la position du Vietnam. Nous ne pensons pas que l’Indonésie représente un risque. La récente augmentation des flux d'IDE en Indonésie résulte de la politique gouvernementale visant à restreindre les exportations de certains minéraux bruts (comme le nickel) et à forcer les multinationales à investir dans des installations de traitement en Indonésie.

L’adoption par l’Indonésie de lois exigeant le traitement national des minéraux, associée à une demande croissante de métaux pour les batteries de véhicules électriques, explique pourquoi il y a eu récemment une vague d’IDE en Indonésie. De nombreux analystes affirment que l’Indonésie est « l’Arabie saoudite des métaux pour véhicules électriques », car le pays dispose d’abondants minéraux nécessaires aux batteries des véhicules électriques.

En analysant les avantages et les inconvénients des concurrents potentiels du Vietnam pour attirer les IDE, on peut conclure qu'il existe très peu de pays au monde aussi aptes que le Vietnam à produire les types de produits que les entreprises d'IDE produisent ici, tels que les produits de haute technologie, les smartphones, l'électronique grand public et d'autres produits assemblés au Vietnam.

Par conséquent, VinaCapital prédit que les investissements continueront d'affluer dans la production de tels produits au Vietnam pendant de nombreuses années à venir, que le gouvernement vietnamien invite activement ou non les investisseurs multinationaux, car le Vietnam lui-même a attiré de tels investisseurs.

Comment le Vietnam peut-il maintenir sa position de leader en matière d’attraction des IDE, Monsieur ?

Le gouvernement vietnamien peut mettre en œuvre de nombreuses politiques pour rendre le pays plus attractif pour les investisseurs étrangers. Par exemple, le nouveau mécanisme d’accord d’achat direct d’électricité (DPPA) du Vietnam attirera davantage d’IDE, car les entreprises étrangères sont de plus en plus intéressées par la réduction des émissions de carbone et le mécanisme DPPA permet aux producteurs d’IDE d’acheter directement de l’électricité provenant de parcs éoliens, de centrales solaires et d’autres sources d’énergie propres.

Le gouvernement vietnamien peut également améliorer son classement en matière de compétitivité des entreprises en réduisant les charges administratives pesant sur les projets d’investissement. Par exemple, dans le passé, VinaCapital a proposé que le Vietnam crée une « agence de promotion des investissements (API) », une stratégie similaire appliquée dans plusieurs autres pays avec lesquels le Vietnam est en concurrence pour attirer les IDE.

Enfin, et c’est aussi très important, le gouvernement continue de consacrer 5 à 6 % du PIB aux investissements en infrastructures dans les années à venir afin de maintenir la compétitivité du Vietnam en matière d’attraction des IDE. Nous avons été particulièrement impressionnés par l’achèvement rapide de la ligne de transmission Quang Trach – Pho Noi de la région centrale vers le nord – qui a connu des pannes de courant l’année dernière. L’achèvement rapide de ce projet en un an, au lieu de 2 à 3 ans, est une indication que le gouvernement prend très au sérieux cette question et c’est également quelque chose qui intéresse beaucoup les investisseurs étrangers.

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