« Nous devons agir pour réduire le risque de guerre nucléaire » est le titre d’un article de l’ancien haut fonctionnaire du gouvernement australien John Carlson AM publié dans The Korea Times le 19 juin.
La deuxième conférence des États membres du Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) se tiendra du 27 novembre au 1er décembre 2023, au siège des Nations Unies à New York (États-Unis). (Source : UNnews) |
M. John Carlson a également été directeur général du Bureau australien des garanties et de la non-prolifération de 1989 à 2010. Il est chercheur principal non résident au Centre de Vienne pour le désarmement et la non-prolifération (Autriche) et expert auprès du Réseau de leadership Asie-Pacifique sur la non-prolifération et le désarmement. Voici le contenu de l'article :
Il faut mettre en place un processus de désarmement nucléaire
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a averti : « L’humanité est sur le fil du rasoir. « Le risque d’utilisation d’armes nucléaires a atteint des niveaux jamais vus depuis la guerre froide. » Une action urgente est nécessaire pour réduire le risque de guerre nucléaire et établir un processus permettant de parvenir au désarmement nucléaire.
Le désarmement nucléaire n’est pas une aspiration irréaliste. Il est plutôt irréaliste de croire que notre chance d’éviter une guerre nucléaire puisse durer indéfiniment. Au fil des ans, plusieurs incidents ou dysfonctionnements ont failli conduire à une guerre nucléaire. Une feuille de route pour l’élimination des armes nucléaires, comprenant des mesures urgentes de réduction des risques, est impérative pour la survie de l’humanité.
Comme l’a reconnu le président américain Ronald Reagan en 1984, une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée. Dans son avis consultatif de 1996 sur la licéité des armes nucléaires, la Cour internationale de Justice (CIJ) a estimé que la nature indiscriminée, le caractère destructeur et les conséquences environnementales des armes nucléaires signifiaient que leur utilisation violerait inévitablement le droit international humanitaire.
En cas de guerre nucléaire, non seulement les civils des pays en guerre ne seraient pas protégés, mais les conséquences catastrophiques, notamment les retombées radioactives et l’effet « hiver nucléaire », ne se limiteraient pas à ces pays. La guerre nucléaire est une menace mondiale contre laquelle tous les pays ont le droit d’être protégés.
Bien que la CIJ n’ait pas pu conclure si la menace ou l’utilisation d’armes nucléaires était légale dans le cadre d’une légitime défense extrême, elle a souligné que toute utilisation de ces armes doit être conforme au droit international, une exigence qui semble impossible à respecter. La CIJ a souligné que tous les États ont l’obligation de poursuivre les négociations menant au désarmement nucléaire. Il s’agit d’une obligation spécifique pour les 190 signataires du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), y compris les cinq États reconnus comme dotés d’armes nucléaires – les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie, la France et la Chine – et d’une obligation générale de droit international pour les quatre États non signataires du TNP – l’Inde, le Pakistan, la Corée du Nord et Israël.
Il est déplorable que les États dotés d’armes nucléaires ignorent leur obligation de poursuivre le désarmement nucléaire. En tant que membres permanents du Conseil de sécurité, les États dotés d’armes nucléaires parties au TNP ont la responsabilité particulière de faire respecter le droit international. Manque de volonté et de vision en matière de désarmement, reflétant l’influence de ceux dont la carrière est basée sur les armes nucléaires.
Le monde ne peut pas continuer à rester inactif en matière de désarmement nucléaire. On peut s’inspirer du sommet Reagan-Gorbatchev de Reykjavik en 1985, qui a montré que les dirigeants mondiaux étaient à portée de main pour s’entendre sur un calendrier d’élimination des armes nucléaires. Bien que le sommet n’ait pas atteint cet objectif, il a abouti à des accords majeurs de réduction des armements.
Cadre de mise en œuvre
Que peut-on faire ? Le désarmement nucléaire est un immense défi, mais cette question épineuse peut être résolue en la décomposant en étapes distinctes qui peuvent faire progresser les choses. Aborder des questions spécifiques peut réduire les risques et contribuer à créer une atmosphère positive propice à de nouveaux progrès. Il faut faire pression sur les gouvernements pour qu’ils établissent un cadre pour y parvenir.
Tout d’abord, les gouvernements doivent prendre des mesures urgentes pour réduire les risques et le stress. Il s’agit notamment des canaux de communication et des lignes directes, de la réduction des alertes (retrait des armes du statut de lancement lorsque l’alerte est reçue), de la limitation des circonstances dans lesquelles les armes nucléaires peuvent être utilisées (un accord de « non-utilisation en premier » proposé par la Chine serait un grand pas en avant), et d’un contrôle national accru sur l’autorité d’utilisation des armes nucléaires (le sort du monde n’est pas laissé entre les mains d’un ou deux individus).
Un autre domaine essentiel est de relancer les négociations et d’élaborer de nouveaux accords sur le contrôle des armements. Cela impliquerait d’imposer des limites aux types et au nombre d’armes nucléaires et à leurs systèmes de lancement associés. Un aspect important est l’élimination des armes nucléaires dites tactiques. Un autre domaine de travail concernera la vérification, la transparence et les accords de confiance.
Il est nécessaire de mettre en place un processus d’engagement continu, non seulement sur le contrôle des armements et le désarmement, mais également sur des questions de sécurité plus larges. Cet engagement peut clarifier les différences, améliorer la compréhension mutuelle, identifier les terrains d’entente, trouver des solutions et instaurer la confiance. L’accent doit être mis sur la diplomatie proactive et le dialogue. De nouveaux forums seront nécessaires au niveau des dirigeants et des opérateurs, et peut-être aussi au niveau régional que mondial. Ces forums doivent être axés sur les résultats et ne pas être paralysés par des désaccords politiques, comme ce fut le cas avec la Conférence du désarmement.
Source : https://baoquocte.vn/cuu-quan-chuc-australie-hanh-dong-giam-thieu-nguy-co-chien-tranh-nhat-nhan-276040.html
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