Suivez l'écrivaine indépendante canadienne Claire Sibonney (*) alors qu'elle explore la culture du café à la fois banale et fascinante de Hanoï.
Une culture très vietnamienne
Lors de sa première soirée à Hanoi, Claire Sibonney a dégusté une tasse de café au Dinh Café, caché dans une vieille maison surplombant le lac Hoan Kiem. Le café fait partie intégrante de la culture vietnamienne, au même titre que les temples sacrés chargés d’histoire. Le voyage de l'écrivain canadien a commencé par l'exploration d'un certain nombre de cafés, des cafés modernes de style occidental aux cafés classiques et traditionnels comme le café Dinh.
Dinh Coffee Shop dans une vieille maison pleine de nostalgie. (Source : Dinh Café) |
Dans un espace cosy avec tables basses en bois, tabourets et photos de famille en noir et blanc, Sibonney commande un café chaud au lait concentré, un café robusta noir fort traditionnel au lait concentré. Le barista met le café dans le filtre, le place sur la tasse, verse de l’eau chaude et regarde la « saveur » des grains de café s’imprégner lentement et s’égoutter dans la tasse.
Pour Sibonney, la première gorgée de ce café robusta épais a été comme un « éclair » qui la traversait, équilibré par la douceur du lait concentré. Ce n’est pas la douce saveur de café Arabica que l’écrivain connaissait et aimait chez lui, le café vietnamien est amer, fort et rafraîchissant.
Sibonney a déclaré que c'était la première fois qu'il ressentait le caractère unique de la culture du café vietnamien. Pour mieux comprendre l’origine et l’influence du café sur la vie des Vietnamiens d’aujourd’hui, elle a fait appel à M. Tu Van Cong, un expert du monde culinaire de Street Eats Hanoi. M. Cong a expliqué que la culture du café à Hanoi est née pendant la période coloniale française. Les missionnaires français ont introduit le café au Vietnam en 1857 et à la fin du XIXe siècle, les premières plantations de café ont été établies.
Selon M. Cong, au départ, le café était considéré comme le privilège de l’élite, des intellectuels et des érudits. Au fil du temps, les Vietnamiens ont progressivement adapté la méthode française de préparation du café et ont créé le filtre, rendant la boisson plus accessible.
En outre, le Vietnam est le deuxième producteur mondial de café, après le Brésil, et la principale source de grains de robusta. L’auteur soutient que même si les grains de robusta sont souvent considérés comme de mauvaise qualité par les experts en café, ils sont profondément ancrés dans la culture du café vietnamienne.
Le goût de la vie
Selon l'écrivain canadien, les habitants locaux sont habitués à l'amertume fumée caractéristique, à la forte teneur en caféine et à l'habitude d'ajouter du lait concentré pour équilibrer l'astringence du café robusta. Ce café est également adapté aux goûts vietnamiens grâce à la création de variantes de café uniques.
Un exemple typique est le célèbre café aux œufs de Hanoi, préparé en battant des jaunes d'œufs avec du sucre jusqu'à obtenir une consistance mousseuse et lisse, puis en le versant dans une tasse de café.
Selon M. Anthony Slewka, directeur du Sofitel Legend Metropole Hanoi, le plus ancien hôtel de la capitale, même si vous n'êtes pas fan de ce café aux œufs, vous pouvez toujours ressentir la créativité dans chaque couche de saveur. En 1946, lorsque la guerre de résistance nationale éclate, le lait frais devient rare à Hanoi. Ainsi, M. Nguyen Van Giang, barista au Metropole Hanoi, a créé la couche de mousse du cappuccino pour les clients européens en utilisant des jaunes d'œufs fouettés.
Le café aux œufs est une boisson très attrayante et unique pour les touristes étrangers. (Source : Dinh Café) |
Pour Sibonney, la culture du café au Vietnam est également profondément liée aux jeunes et aux travailleurs. Après une longue journée de travail, discuter autour d’une tasse de café est devenu un signe familier de la vie vietnamienne.
De retour au Canada, Sibonney a visité Cong Ca Phe à Toronto, continuant à apprécier la culture du café vietnamien. Ici, elle a entendu le directeur raconter l'histoire des chaises basses en plastique ou pliantes, populaires dans les cafés, les restaurants et sur les trottoirs à travers le Vietnam pour leur simplicité, leur accessibilité et leur esprit communautaire.
L’auteur est également impatient d’en savoir plus sur la « révolution robusta » qui se déroule au Canada et dans le monde. C'était un excellent sujet de discussion avec des inconnus à Cong Ca Phe, lui rappelant les conversations au Vietnam. Au début, Sibonney était un peu méfiante face à la saveur forte de ce grain de café, mais maintenant cette boisson est pour elle l'occasion de ralentir, de savourer un café fort avec un peu de sucre et de ressentir la douceur mêlée à un peu d'amertume de la vie.
Au cours de son voyage à la découverte du Vietnam, le visiteur canadien a apprécié le café non seulement comme boisson, mais aussi comme symbole de créativité, de résilience et de communauté. Qu'il s'agisse d'un riche robusta ou d'un café aux œufs unique, chacun porte une histoire de l'histoire, de l'identité et de l'ingéniosité vietnamiennes. Surtout, à chaque coin de rue, le café n’est pas seulement une source d’énergie mais aussi un lieu de connexion, de confiance et de détente.
(*) L’auteur est un écrivain indépendant, éditeur et stratège de contenu avec plus de 20 ans d’expérience dans le journalisme. Les œuvres ont été publiées dans des magazines tels que National Geographic, WIRED, TIME, SELF, Teen Vogue, InStyle...
Elle a été journaliste chez Reuters, directrice numérique chez Canadian Living, rédactrice chez Huffington Post, Today's Parent, Fashion et EnRoute. En plus de son travail d’édition, elle enseigne le journalisme au Centennial College (Canada).
Source : https://baoquocte.vn/ca-phe-ha-noi-duoi-goc-nhin-cua-du-khach-nuoc-ngoai-285598.html
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