La première rencontre entre le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio et son homologue russe Sergueï Lavrov a duré plus de quatre heures au palais de Diriyah à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février et a abouti à quelques premiers résultats clés...
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| Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue américain Marco Rubio après leur rencontre au palais de Diriyah à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février. (Source : EPA) |
Une percée après trois ans de guerre
Cette réunion intervient dans un contexte de conflit en Ukraine qui dure depuis trois ans et qui a laissé la Russie et l'Occident dans une impasse, avec des centaines de milliers de soldats morts et les économies de nombreux pays gravement affectées.
L’objectif principal de la rencontre est de trouver une solution viable pour mettre fin au conflit et ouvrir des opportunités de coopération entre Washington et Moscou dans un contexte géopolitique volatil. À l’issue des négociations, les deux parties se sont entendues sur quatre principes importants, considérés comme le fondement du futur processus de paix.
Premièrement, les États-Unis et la Russie se sont engagés à rétablir pleinement les activités des missions diplomatiques à Washington et à Moscou, créant ainsi des conditions favorables à un dialogue direct. Cela est considéré comme une étape importante pour rétablir la confiance et ouvrir la voie à de nouvelles négociations.
Deuxièmement, les deux parties ont convenu de créer une équipe de négociation de haut niveau pour poursuivre les négociations sur les conditions de fin de la guerre. Le groupe comprendra des responsables diplomatiques, militaires et économiques des deux parties, dans le but de garantir que le processus de paix soit durable et pérenne.
Troisièmement, les États-Unis et la Russie commenceront à discuter de la possibilité d’une coopération géopolitique et économique d’après-guerre. Cela ouvre la perspective d’une coopération bilatérale dans un certain nombre de domaines stratégiques, allant de l’énergie au commerce en passant par les questions de sécurité régionale.
Quatrièmement, les deux pays s’engagent à maintenir un mécanisme de dialogue régulier pour garantir que les accords conclus ne soient pas bloqués. Cela signifie que les hauts responsables des deux parties continueront de se rencontrer périodiquement pour suivre les progrès et résoudre les désaccords qui pourraient survenir.
Réaction de l'Ukraine et de l'UE : mécontentement et inquiétude
La rencontre de Riyad a mis fin à trois ans d’impasse dans les relations entre les États-Unis et la Russie. Auparavant, les négociations avaient échoué parce que la Russie insistait pour conserver les territoires occupés, tandis que les États-Unis et l’Occident s’opposaient à ce que l’Ukraine perde davantage de territoire. Cette fois-ci, cependant, Washington semble avoir été plus flexible dans sa position, privilégiant la réalisation de la paix plutôt que le maintien de conditions difficiles.
Cependant, le fait que l’Ukraine et l’Union européenne (UE) n’aient pas été invitées à la réunion a provoqué une réaction négative de la part de Kiev et de Bruxelles. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré que son gouvernement n'avait « aucune idée » des pourparlers et a souligné que l'Ukraine n'accepterait aucun accord sans la participation directe de Kiev.
Du côté de l'UE, les dirigeants européens ont exprimé leur déception d'être exclus d'une négociation qui pourrait façonner l'avenir de la région. Ils craignent que Washington ne conclue un accord avec Moscou qui ignore les intérêts européens, d’autant plus que les États-Unis semblent davantage concentrés sur leurs propres intérêts stratégiques sous la présidence de Donald Trump.
Malgré l’opposition de l’Ukraine et de l’UE, la réunion a néanmoins apporté des avantages importants aux parties impliquées. Pour les États-Unis, se rapprocher d’une résolution pacifique pourrait contribuer à alléger le fardeau financier et politique de la guerre, tout en ouvrant des opportunités de coopération avec la Russie. Pour Moscou, l’accord pourrait lui permettre de maintenir le contrôle des territoires occupés tout en allégeant la pression des sanctions économiques.
Pour l’Ukraine, bien que n’étant pas directement impliquée dans les négociations, une feuille de route de paix claire pourrait aider le pays à minimiser les pertes et à se concentrer sur la reconstruction du pays. L’UE pourrait également bénéficier d’un environnement sécuritaire plus stable, réduisant ainsi le risque de propagation du conflit à l’Europe de l’Est.
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| Le secrétaire d'État américain Marco Rubio et son homologue russe Sergueï Lavrov avec le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan Al Saud, et des membres des délégations russe et américaine au palais de Diriyah à Riyad, en Arabie saoudite, lors d'une réunion le 18 février. (Source : theguardian) |
Les défis du processus de paix
Cependant, le processus de paix reste confronté à de nombreux défis. Premièrement, la position de la Russie sur le territoire reste inchangée. Moscou continue d’exiger que l’Ukraine reconnaisse la souveraineté russe sur la Crimée et les territoires occupés, ce que Kiev n’acceptera probablement pas.
Deuxièmement, une forte opposition de l’Ukraine et de l’UE pourrait saper la légitimité de tout accord conclu entre les États-Unis et la Russie. Si Kiev et Bruxelles ne sont pas amenés à la table des négociations, ils pourraient chercher à faire dérailler le processus de paix en poursuivant l’aide militaire ou en augmentant les sanctions contre Moscou.
Troisièmement, le président Trump reste un facteur imprévisible dans ce processus. Il a l’habitude de changer brusquement de politique étrangère et rien ne garantit qu’il persistera à rechercher un accord de paix s’il est confronté à une réaction négative au niveau national.
Finalement, la situation de guerre sur le terrain continue. Alors que les négociations sont en cours, les combats continuent de faire rage dans l’est de l’Ukraine, ce qui pourrait compromettre tout progrès réalisé à la table des négociations.
Dans l’ensemble, la réunion de Riyad a marqué un tournant important dans le processus de paix, mais le chemin à parcourir reste semé d’embûches. Si les États-Unis et la Russie parviennent à un accord préliminaire et convainquent l’Ukraine et l’UE de se joindre au processus de négociation, la paix pourrait devenir une réalité. Au contraire, si les parties ne parviennent pas à trouver un terrain d’entente, la guerre pourrait durer encore de nombreuses années, avec des conséquences imprévisibles pour l’Ukraine, l’Europe et l’économie mondiale.
*Consul général du Vietnam à San Francisco (USA), ancien directeur de l'Institut d'études stratégiques, Académie diplomatique.
Source : https://baoquocte.vn/cuoc-gap-nga-my-o-riyadh-va-nhung-buoc-tien-then-chot-304835.html
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