La cause des fortes pluies dans le monde

Les climatologues affirment que le réchauffement climatique entraîne une augmentation de l’humidité dans l’atmosphère, qui se déverse alors sous forme de fortes pluies.

De fortes pluies ont inondé les rues de New York le 29 septembre. Photo : AFP — De fortes pluies ont inondé les rues de New York le 29 septembre. Photo : *AFP*

Des pluies torrentielles ont transformé les rues en rivières en Libye, en Grèce, en Espagne, à Hong Kong et dans certaines parties de New York en septembre 2023. Des milliers de personnes sont mortes dans la ville de Derna, en Libye. Zagora, en Grèce, a enregistré un record de 76,2 cm de pluie, soit l'équivalent d'un an et demi de précipitations, tombés en 24 heures. Quelques semaines plus tôt, les pluies de mousson ont déclenché des glissements de terrain et des inondations dangereux dans l'Himalaya, tuant des dizaines de personnes en Inde, selon The Conversation .

Après de graves inondations survenues sur presque tous les continents cette année, notamment des coulées de boue et des inondations en Californie début 2023 et des inondations dévastatrices dans le Vermont en juillet, il semble que les précipitations extrêmes deviennent de plus en plus courantes. Le réchauffement climatique contribue-t-il à cette tendance et, surtout, que pouvons-nous faire pour nous adapter à cette nouvelle réalité ?

En tant que climatologue, Mohammed Ombadi, professeur adjoint à l’Université du Michigan, étudie le lien entre le changement climatique et les événements météorologiques extrêmes, ainsi que leur impact sur la vie quotidienne. Il est important de comprendre les liens entre ces facteurs pour élaborer des mesures appropriées d’adaptation au changement climatique.

Atmosphère plus humide, pluies plus intenses

À mesure que les températures augmentent, les atmosphères plus chaudes peuvent contenir davantage de vapeur d’eau. La quantité d’eau qui s’évapore des terres et des océans augmente également. Cette eau retourne finalement à la terre et aux océans. À mesure que l’atmosphère absorbe plus d’humidité, davantage de pluie tombe pendant une tempête. Les scientifiques prévoient que pour chaque degré Celsius de réchauffement, l’intensité des pluies lors des fortes tempêtes augmentera de 7 %.

Le phénomène d’augmentation de la quantité d’humidité que l’air peut contenir est appelé la relation de Clausius Clapeyron. Mais d’autres facteurs, tels que les changements de régime des vents, les trajectoires des tempêtes et la saturation de l’air, contribuent également à l’intensité des précipitations.

Pluie et neige : la pluie joue le rôle le plus important

L’un des facteurs qui détermine la gravité d’une inondation est la forme de pluie ou de neige que prend l’eau. Le ruissellement des eaux de pluie est presque instantané, tandis que l'eau libérée par la fonte des neiges est plus lente, ce qui entraîne des inondations, des glissements de terrain et d'autres dangers plus graves, en particulier dans les régions montagneuses et en aval où vit un quart de la population mondiale.

On pense qu'un rapport plus élevé entre fortes pluies et chutes de neige est un facteur clé contribuant aux inondations et aux glissements de terrain dans l'Himalaya en août 2023, bien que les scientifiques mènent encore des recherches pour le confirmer. De plus, un test de modèle d’inondation réalisé en 2019 sur 410 bassins fluviaux de la côte ouest des États-Unis a révélé que les débits maximaux dus aux précipitations étaient 2,5 fois supérieurs à ceux dus à la fonte des neiges.

Dans une étude de 2023 publiée dans la revue Nature, Ombadi et ses collègues ont démontré que l’intensité des fortes précipitations augmentait à un rythme plus rapide que ce à quoi on pourrait s’attendre d’après la relation de Clausius Clapeyron, jusqu’à 15 % pour chaque degré Celsius de réchauffement dans les régions de haute altitude comme l’Himalaya, les Alpes et les Rocheuses. La raison derrière cette augmentation de l’amplification est que la hausse des températures provoque un déplacement de l’humidité vers les zones où il pleut davantage et où il neige moins. Une grande partie de la vapeur d’eau tombe sous forme de pluie.

Dans l’étude, l’équipe d’Ombadi a examiné les épisodes de pluies les plus abondantes dans l’hémisphère nord depuis les années 1950 et a constaté que l’intensité des fortes pluies variait de plus en plus avec l’altitude. Les montagnes de l’ouest américain, certaines parties des Appalaches, les Alpes en Europe, ainsi que l’Himalaya et l’Hindou Kouch en Asie ont également été fortement touchés. En outre, les modèles météorologiques indiquent que la plupart de ces régions devraient connaître une augmentation de 7 à 8 fois de la probabilité de fortes précipitations d’ici la fin du XXIe siècle.

Les inondations ne sont pas seulement un problème à court terme

Les pertes en vies humaines et en biens dans les villes retiennent le plus l’attention après les inondations, mais l’augmentation des inondations a également des répercussions à long terme sur l’approvisionnement en eau des réservoirs, qui sont essentiels aux communautés et à l’agriculture dans de nombreuses régions. Par exemple, dans l’ouest des États-Unis, les réservoirs sont souvent maintenus aussi près que possible de leur niveau d’eau maximal pendant la fonte des neiges au printemps afin de fournir de l’eau pendant les mois secs de l’été. Les montagnes agissent comme des réservoirs naturels, stockant les chutes de neige en hiver et libérant l’eau de fonte des neiges à un rythme lent.

Cependant, les récentes découvertes d’Ombadi et de ses collègues suggèrent que le monde se dirige rapidement vers un climat dominé par de fortes pluies, et non par la neige. Les gestionnaires des ressources en eau devront laisser plus d’espace dans les réservoirs pour stocker de grands volumes d’eau en cas de catastrophe, minimisant ainsi le risque d’inondation en aval.

Préparez-vous à un avenir plus difficile

Les efforts mondiaux visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre s’intensifient, mais les populations doivent encore se préparer à un climat plus rude. Les ouragans qui ont dévasté la Méditerranée en 2023 fournissent une preuve convaincante de l’importance de l’adaptation. Elles ont battu des records de fortes pluies dans de nombreux pays et ont causé des dégâts considérables.

L’un des principaux facteurs contribuant à la catastrophe en Libye a été la rupture des anciens barrages. Cela souligne l’importance de mettre à jour les réglementations de conception afin que les infrastructures et les bâtiments puissent résister aux futures fortes pluies et inondations, et d’investir dans de nouvelles solutions d’ingénierie qui peuvent accroître la résilience et protéger les communautés contre les conditions météorologiques extrêmes.

An Khang (d'après la conversation )

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