Les prix du gaz en Europe flambent à nouveau

Après des mois de baisse, les prix du gaz naturel en Europe ont augmenté de plus de 50 % ce mois-ci, rappelant les craintes de la crise énergétique de l'année dernière.

Les contrats à terme sur le gaz européen ont bondi de 52% depuis le début du mois, atteignant 35 euros (38 dollars) le mégawattheure le 16 juin, selon les données du cabinet d'études de prix des matières premières ICIS. Les analystes ont déclaré à CNN que le renversement des prix était principalement dû à la maintenance des principales centrales à gaz norvégiennes qui a duré plus longtemps que prévu.

Les prix du gaz naturel en Europe restent bien plus bas qu’ils ne l’étaient l’été dernier, lorsque la région était engagée dans une guerre énergétique avec la Russie suite au conflit en Ukraine. Cependant, « la récente flambée des prix montre à quel point le marché européen est sensible aux perturbations », a déclaré Bill Weatherburn, économiste chez Capital Economics.

Plus tôt cette semaine, Gassco, l’opérateur du réseau gazier norvégien, a déclaré que la fermeture prévue de l’une de ses usines de traitement de gaz serait prolongée jusqu’au 15 juillet. Auparavant, cette usine devait reprendre ses activités le 21 juin. Deux autres usines à gaz resteront fermées indéfiniment pour résoudre des « problèmes de capacité de traitement ».

Vannes à gaz dans une installation de stockage en Hongrie. Photo : Reuters — Vannes à gaz dans une installation de stockage en Hongrie. Photo : *Reuters*

L'année dernière, la Norvège a remplacé la Russie comme première source d'importations de gaz de l'Union européenne (UE), représentant plus de 24 % des parts de marché. Dans le même temps, le gazoduc russe ne représente que 15 % du trafic.

L’Europe risque également de perdre une autre source majeure de gaz. Les prix du gaz ont grimpé en flèche le 15 juin après l'annonce que les Pays-Bas prévoient de fermer définitivement le champ gazier de Groningue en octobre, un an plus tôt que prévu. Hier, les prix du gaz ont même grimpé jusqu'à près de 50 euros par mégawattheure, avant de retomber. Ce niveau est le double du début du mois.

Sur CNN, un porte-parole du gouvernement néerlandais a déclaré qu'ils n'avaient pas encore décidé quand fermer la mine de Groningue. Autrefois un important fournisseur de gaz pour l’Europe, les Pays-Bas ont réduit leur production au cours de la dernière décennie en raison du risque de tremblements de terre. Groningue est l'un des plus grands gisements de gaz au monde, mais il ne fournit actuellement qu'une fraction des besoins de l'Europe.

« Le marché européen du gaz – et par extension le marché mondial du gaz – n’est certainement pas encore sorti d’affaire », a déclaré à CNN Tom Marzec-Manser, directeur de l’analyse du gaz chez ICIS.

En août 2022, les prix du gaz en Europe ont atteint un record de 340 euros par mégawattheure, alors que les pays se précipitaient pour faire des réserves avant l'hiver. Actuellement, ces installations de stockage sont remplies à 73 %, soit un taux supérieur à la moyenne quinquennale de 56 %, selon les données de l'Association des producteurs européens de gaz.

« La panique de l'été dernier ne peut pas se reproduire », a déclaré à CNN Massimo Di Odoardo, analyste du gaz chez Wood Mackenzie. Les réserves record de gaz du Japon et de la Corée du Sud, combinées à une économie chinoise plus faible que prévu, réduisent également la probabilité que l'Europe doive rejoindre l'Asie dans une guerre du gaz naturel liquéfié (GNL) cet été.

Cependant, la confiance des investisseurs reste ébranlée. « L'Europe doit encore composer avec la rareté du gaz russe. Par conséquent, toute perturbation imprévue pourrait entraîner une flambée des prix », conclut Henning Gloystein, directeur des ressources, du climat et de l'énergie chez Eurasia Group.

Ha Thu (selon CNN)

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