Mon beau-père et le filtre à café du week-end

Mon beau-père était un colonel de l’armée qui a participé à la campagne de Ho Chi Minh pour libérer le Sud. Le pays étant unifié, il retourne à Hanoï pour retrouver sa famille.

Mon mari me disait souvent que dans les années qui ont suivi 1975, chaque dimanche matin, dès qu’il se réveillait, il pouvait sentir l’arôme parfumé du café filtré mêlé à la fumée des cigarettes Dien Bien en paquets d’argent.

Il aimait boire du café, alors elle cherchait des endroits où étaient affichées des pancartes indiquant « Torréfaction et mouture du café », ce qui était assez rare à l'époque. Elle n'osait en acheter que 30 g à la fois et n'en buvait que le dimanche matin. Le filtre en aluminium est moche et cabossé, ce n'est pas grave. Prélevez deux cuillères à café de café torréfié moulu et versez-y de l'eau bouillante. Chaque mouvement doit être habile, précis et sans débordement. C'est aussi un plaisir élégant pour un matin de week-end.

Pendant la période de subvention, quand tout manquait, l'odeur parfumée du café filtré était si luxueuse. Elle a profondément gravé dans la mémoire de la famille la scène d'une famille chaleureuse, heureuse et paisible, après des années de guerre acharnée et l'absence d'un père. Dimanche sera le jour principal de la « production croissante », toute la famille se réunira pour tisser de la laine, sceller des enveloppes et éplucher des cacahuètes, dans un espace de près de vingt mètres carrés rempli de l'odeur parfumée du café...

Lorsque j’ai donné naissance à mon premier enfant, mon grand-père était prêt à arrêter de fumer pour ne pas affecter ses petits-enfants, mais il a quand même conservé son habitude de boire du café. Comme il est vieux, il aime le café instantané, il aime toutes les marques mais son préféré est le café au lait de VinaCafe. Chaque matin, il prend un sachet, le mélange à de l'eau bouillante, le savoure et le sirote avec quelques journaux.

Il vient de partir. Mon esprit est encore rempli de bons souvenirs de lui. Je me souviens quand il se levait tôt pour préparer des plantes médicinales que je devais emporter au travail. Je me souviens qu'il m'a pris la moto et m'a aidé à la pousser jusqu'à la maison en haut de la colline parce qu'elle était trop lourde. Je me souviens de sa main sur mon front utilisant le qigong pour guérir mon mal de tête. Et je me souviens surtout de l’image de lui chaque matin à la table ronde en train de remuer une tasse de café, très paisible et serein.

(Inscription au concours « Impressions du café et du thé vietnamiens » dans le cadre du programme « Honorer le café et le thé vietnamiens » pour la 2e fois, 2024 organisé par le journal Nguoi Lao Dong).