La hausse des températures crée des conditions favorables à la reproduction, au développement et à la transmission de maladies par les moustiques dans des endroits où ils ne pouvaient pas vivre auparavant.
Le moustique Anopheles stephensi , qui peut être porteur du paludisme, suce le sang humain. Photo : James Gathany/CDC/Handout/Reuters
Il y a peu de gagnants dans la crise climatique, mais les scientifiques sont presque certains que les moustiques en font partie, a rapporté CNN le 29 juin. Cet insecte prospère dans les endroits chauds et humides. Le changement climatique rend les vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses. Mais les ouragans et les inondations aussi. Ces phénomènes laissent derrière eux de nombreuses flaques d’eau stagnante, où la plupart des moustiques se reproduisent.
La hausse des températures permet aux moustiques de se développer plus rapidement et de vivre plus longtemps. Auparavant, ils seraient morts lors des hivers rigoureux dans de nombreux endroits, mais ils ont désormais de meilleures chances de survie et plus de temps pour développer leurs populations. La chaleur réduit également le temps nécessaire aux parasites ou aux virus pour mûrir à l’intérieur des moustiques.
« Plus la température est élevée, plus cette période est courte. Ainsi, non seulement les moustiques vivent plus longtemps, mais ils peuvent aussi transmettre des maladies plus tôt », explique Oliver Brady, professeur associé à la London School of Hygiene and Tropical Medicine.
Les moustiques bénéficient également d’autres avantages de la chaleur. À mesure que la température augmente, de plus en plus de personnes ont tendance à sortir le matin et en fin d'après-midi, période propice aux moustiques.
Les températures élevées incitent également les villes à augmenter les espaces verts pour se rafraîchir, mais pourraient également fournir de nouveaux terrains de reproduction idéaux pour ces insectes suceurs de sang.
Aux États-Unis, le nombre de « jours à moustiques » – des journées chaudes et humides que les moustiques adorent – a augmenté, selon une analyse de l’organisation de recherche à but non lucratif Climate Central. Les chercheurs ont examiné 40 années de données dans près de 250 endroits et ont constaté que plus de 70 % d’entre eux étaient devenus plus accueillants pour les moustiques.
En Afrique subsaharienne, où le paludisme a eu des conséquences dévastatrices, le changement climatique contribue à l’expansion spectaculaire de l’aire de répartition des moustiques. En moyenne, les moustiques Anopheles qui transmettent le paludisme se déplacent environ 6,5 mètres plus haut et près de 5 kilomètres plus au sud chaque année, selon l'Université de Georgetown.
C'est à cette vitesse que le changement climatique se produit, et cela pourrait avoir des conséquences majeures pour les régions qui n'ont jamais eu de paludisme auparavant et qui ne sont pas préparées à y faire face, a déclaré Colin Carlson, biologiste à l'Université de Georgetown.
Un ouvrier pulvérise un insecticide contre les moustiques Aedes aegypti pour empêcher la propagation de la dengue dans un quartier de Piura, au nord du Pérou, le 11 juin 2023. Photo : Ernesto Benavides/AFP/Getty
La dengue, une autre maladie potentiellement mortelle, pourrait également augmenter avec le réchauffement climatique. Le Pérou est aux prises avec la pire épidémie de dengue jamais enregistrée, avec quelque 150 000 infections et plus de 250 décès.
Les experts affirment que les températures et les précipitations inhabituellement élevées ont créé des conditions idéales pour les moustiques. Les scientifiques n’ont pas encore évalué exactement le rôle joué par le changement climatique dans l’épidémie, mais Carlson a déclaré que le lien semble assez clair.
Actuellement, la dengue « frappe aux portes » de l’Europe et de l’Amérique. « Il y aura un autre milliard de personnes vivant dans des climats propices à la propagation de la dengue, et la plupart d’entre elles se trouveront dans les régions tempérées d’Europe occidentale, aux États-Unis et en Chine », a déclaré Carlson.
Toutefois, il est peu probable que les États-Unis et l’Europe connaissent des épidémies majeures ou un grand nombre de décès dus au virus de la dengue. « L’histoire du changement futur se résume davantage à une forte augmentation dans les endroits où la dengue est déjà endémique, où la maladie va s’aggraver considérablement », a déclaré Brady.
La Chine et certaines régions de l’Inde sont particulièrement exposées au risque, a-t-il souligné. « C'est une situation vraiment effrayante car il y a tellement de gens qui vivent ici et de petits changements peuvent conduire au désastre », a-t-il déclaré.
Les communautés qui sont en première ligne de la crise climatique seront toujours les plus durement touchées par les maladies transmises par les moustiques, selon Shannon LaDeau, écologiste des maladies au Cary Institute of Ecosystem Studies.
La migration de ces maladies vers des régions comme les États-Unis et l’Europe pourrait encore constituer un choc. « Les personnes vivant dans les zones tempérées seront confrontées à des changements de mode de vie importants, car elles n’ont jamais eu à s’en soucier auparavant », a déclaré LaDeau.
Des œufs de moustiques flottent à côté d'un moustique mort à la surface de l'eau dans un piège installé par Louisville Metro Health and Wellness à Louisville, Kentucky, le 25 août 2021. Photo : Jon Cherry/Getty
La crise climatique n’est pas seulement une aubaine pour les moustiques. Certains endroits peuvent devenir trop chauds pour eux. « Il existe un seuil au-delà duquel leur chimie corporelle cesse de fonctionner. La mauvaise nouvelle, c'est que ces endroits peuvent aussi devenir trop chauds pour les humains », a déclaré LaDeau.
Les experts se posent encore de nombreuses questions sur la manière dont les moustiques réagiront à la crise climatique. La relation entre le changement climatique et la maladie est complexe, a déclaré Gossner. Selon Carlson, les humains en savent beaucoup sur la façon dont la température modifie la capacité des moustiques à transmettre des maladies, un peu sur la vitesse à laquelle les moustiques se déplacent vers de nouveaux endroits et très peu sur la croissance des populations de moustiques en général. Les scientifiques travaillent désormais à développer des outils permettant de mieux évaluer le lien entre les maladies transmises par les moustiques et le changement climatique.
Thu Thao (selon CNN )
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