Le sentiment croissant des consommateurs alimente l'espoir, au sein de la Maison Blanche, que les Américains se montreront plus réceptifs au leadership économique du président Joe Biden.
Les données récemment publiées montrent une amélioration des prix et du sentiment des consommateurs à l’égard de l’économie. Les prix du gaz ont considérablement baissé cette année, les taux hypothécaires ont baissé et les problèmes de la chaîne d’approvisionnement se sont largement atténués.
« Atout potentiel »
Les conseillers économiques de Biden affirment depuis des années que les politiques du 46e président américain ont produit une forte croissance et un faible chômage, mais ces appels n’ont pas réussi à gagner du terrain auprès des électeurs, car l’inflation élevée a nui au portefeuille des consommateurs américains.
Le refroidissement des prix au cours des derniers mois de 2023 a donné à la Maison Blanche la confiance que le programme Bidenomics pourrait être un « atout potentiel » pour convaincre les électeurs de donner au président de 82 ans un second mandat en 2024.
« Si vous regardez l’année écoulée, les progrès réalisés par l’économie sont vraiment stupéfiants », a déclaré Lael Brainard, directrice du Conseil économique national de la Maison Blanche (NEC), à Bloomberg Television.
La hausse de la confiance des consommateurs « suggère que les Américains commencent enfin à se sentir un peu plus confiants, un peu plus en sécurité. Mais le Président continuera à nous pousser à travailler », a-t-elle déclaré.
Le président américain Joe Biden lors d'un événement à Milwaukee, Wisconsin, le 20 décembre 2023. Photo : Getty Images
Les données économiques publiées au cours des derniers mois ont été largement positives. L'inflation a baissé mais reste inférieure à l'objectif de 2 % fixé par la Réserve fédérale américaine. Le chômage reste inférieur à 4% et la première économie mondiale connaît une forte croissance.
Plus précisément, les dernières données, publiées le 22 décembre, ont montré que l'indice des prix des dépenses de consommation personnelle (PCE) de base - la mesure de l'inflation préférée de la Fed - a à peine augmenté en novembre et est resté en dessous de l'objectif de 2 % de la Banque centrale américaine au cours des 6 derniers mois.
En outre, deux mesures du sentiment des consommateurs américains publiées la semaine dernière, notamment l'indice de sentiment de l'Université du Michigan et l'indice de confiance des consommateurs du Conference Board, ont également enregistré de fortes hausses mensuelles.
Mme Brainard a spécifiquement cité les dernières données du PCE dans une série de « diffusions » dans les médias américains tout au long de la journée de leur publication. « Cela donnera aux gens une grande confiance dans le fait que l’inflation va baisser de manière durable et que nous pourrons continuer à voir une bonne croissance des revenus réels et des salaires réels », a-t-elle déclaré.
Beaucoup de travail à faire
Cependant, tout ne va pas pour le mieux. Un sondage de l'Université Quinnipiac du 20 décembre a révélé que 39 % des électeurs approuvaient la gestion de l'économie par le président Biden, tandis que 56 % la désapprouvaient.
Bien qu'il s'agisse d'une amélioration significative par rapport à un sondage similaire réalisé 18 mois plus tôt, où seulement 28 % des électeurs avaient approuvé, il est clair que de nombreux électeurs restent insatisfaits de l'économie.
Selon un sondage Bloomberg News/Morning Consult publié plus tôt ce mois-ci, le favori républicain à la présidentielle, Donald Trump, devance Biden de 51 % à 33 % lorsqu'on demande aux électeurs à qui ils font le plus confiance pour gérer l'économie.
Les enquêtes montrent également régulièrement un écart entre l’opinion des citoyens sur l’économie et ses performances, selon plusieurs mesures suivies par Bloomberg.
« Les gens ne prêtent pas attention aux données macroéconomiques, ils ne s’intéressent qu’aux prix des produits d’épicerie, alors qu’en fait, les prix des produits d’épicerie sont toujours beaucoup plus chers qu’avant », a déclaré Michael Strain, directeur des études de politique économique à l’American Enterprise Institute (AEI).
« Nous sommes sur la bonne voie, mais nous avons beaucoup de travail à faire – beaucoup de travail à faire… dans l’esprit de Bidenomics », a déclaré Jared Bernstein, un proche de Biden et président du Council of Economic Advisers (CEA), en réponse à une question du Washington Post sur le mécontentement des électeurs à l’égard de l’économie.
« Si vous voulez juger l’administration Biden sur la base des données des sondages, vous devriez également poser des questions détaillées sur ce que nous faisons exactement. En même temps, les gens sont les meilleurs arbitres de leurs conditions économiques. S’ils me disent qu’ils se sentent mal, je les croirai. « Nous travaillons dur pour parvenir à réduire l’écart entre les indicateurs et le sentiment », a déclaré M. Bernstein.
L'écart entre la perception et la réalité
L’administration Biden a commencé à affirmer subtilement que, pour certains, les conditions se sont en réalité améliorées, même s’ils n’en ont pas l’impression. Le travailleur américain moyen aura toujours 1 000 dollars de plus dans sa poche après avoir acheté les mêmes biens en 2023 qu'en 2019, car les revenus ajustés à l'inflation ont augmenté, selon une analyse du département du Trésor américain publiée le 14 décembre.
« Les Américains commencent à se sentir mieux à propos de l’économie globale, tout comme ils le sont depuis un certain temps à propos de leurs finances », a déclaré Daniel Hornung, directeur adjoint du Conseil économique national de la Maison Blanche (NEC). « À mesure que l’inflation continue de se modérer, cette dynamique ne fera que s’accentuer. »
Les prix de l’essence, étroitement liés au sentiment des consommateurs, ont fortement chuté par rapport aux sommets atteints après le lancement par la Russie de sa campagne militaire en Ukraine en février 2022.
Des clients font leurs achats à Herald Square, New York, États-Unis, le 11 décembre 2023. Photo : Journal Gazette
Neale Mahoney, professeur d'économie à l'Université de Stanford qui a siégé au NEC, a déclaré que deux facteurs contribuent à l'écart entre le sentiment et les données : le décalage de réaction et la partisanerie.
Les recherches menées par M. Mahoney et l'ancien économiste de la Maison Blanche Ryan Cummings montrent que le poids psychologique de l'inflation s'estompe dans l'esprit des consommateurs à un rythme d'environ 50 % par an, ce qui signifie que les gens ne se détendent pas immédiatement lorsque les prix baissent.
« Il est tout à fait normal que les consommateurs se sentent encore un peu sous le choc aujourd’hui », a déclaré M. Mahoney. « Nous pensons que l’effet négatif de l’inflation sur le sentiment va s’atténuer considérablement. »
Les conseillers économiques de Biden préviennent également que les événements peuvent toujours faire dérailler la reprise, même si l’espoir d’éviter une récession grandit.
Brainard a reconnu le 22 décembre que les risques géopolitiques pourraient menacer l'économie américaine, notamment les attaques en mer Rouge qui ont perturbé le transport maritime mondial, même si elle a déclaré qu'ils n'avaient pas encore perturbé les chaînes d'approvisionnement .
Minh Duc (selon Bloomberg, Washington Post)
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