Outre des liens historiques et culturels étroits, l’Asie centrale revêt également une grande valeur stratégique et économique pour le gouvernement de New Delhi.
Le conseiller indien à la sécurité nationale Ajit Doval (deuxième à partir de la gauche) avec ses homologues d'Asie centrale lors d'une réunion le 17 octobre à Astana, au Kazakhstan (Source : ANI) |
L'ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale indien, SD Pradhan, a partagé les commentaires ci-dessus dans un article récent publié dans le journal Times of India .
Le Premier ministre Narendra Modi a déclaré que l’Asie centrale faisait partie du « voisinage élargi » de l’Inde. En 2015, il a visité les cinq pays de la région. Peu de temps après, New Delhi a lancé la politique « Connecter l’Asie centrale », une approche globale incluant des aspects politiques, économiques, sécuritaires et culturels.
Communiquer à trois niveaux
L’Inde maintient actuellement un engagement multilatéral avec la région de l’Asie centrale à trois niveaux.
Au plus haut niveau, le 27 janvier 2022, le premier sommet Inde-Asie centrale a eu lieu entre le Premier ministre indien et les présidents du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan dans un format en ligne. Les parties ont adopté une déclaration commune globale, ou « Déclaration de Delhi ». Ce document présente une vision d’un partenariat global et à long terme entre l’Inde et l’Asie centrale.
Les parties ont notamment pris trois décisions importantes. Concernant l’Afghanistan, les dirigeants ont réitéré leur ferme soutien à un Afghanistan pacifique, sûr et stable, doté d’un gouvernement représentatif et inclusif. En ce qui concerne la connectivité, les parties ont convenu d’utiliser les services du port de Chabahar pour faciliter les échanges entre les pays enclavés d’Asie centrale et l’Inde.
Les dirigeants ont convenu d'institutionnaliser le mécanisme de haut niveau à travers un sommet biennal, d'organiser des réunions régulières entre les ministres des Affaires étrangères, du Commerce, de la Culture et le conseiller à la sécurité nationale (NSA) pour préparer les réunions de haut niveau et d'établir un Secrétariat Inde-Asie centrale à New Delhi.
Au niveau des ministres des Affaires étrangères, le dialogue Inde-Asie centrale a débuté en 2019 et la dernière réunion, le troisième dialogue, a eu lieu à New Delhi en décembre 2021, présidée par le ministre des Affaires étrangères S. Jaishankar. Le Dialogue a décidé d’intensifier les efforts pour maximiser le potentiel commercial entre les deux parties et d’utiliser de manière optimale le Corridor de transport international Nord-Sud (INSTC).
Au niveau de la NSA, les réunions se concentrent sur les questions de sécurité. La première réunion a eu lieu le 10 novembre 2021, après le retour des talibans au pouvoir en Afghanistan, présidée par l'agent de sécurité nationale indien Ajit Doval avec la participation de ses homologues des pays d'Asie centrale, de Russie et d'Iran.
En outre, l’Inde a également discuté des questions liées à l’Asie centrale lors de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et de réunions bilatérales. En tant que président de l’OCS cette année, l’Inde s’est concentrée sur le développement de l’Asie centrale en accueillant le 23e sommet de l’OCS le 4 juillet dans un format virtuel. Un mois plus tard, le pays et le Kazakhstan ont discuté de questions bilatérales et régionales lors du quatrième dialogue sur la sécurité.
Coopération étroite en matière de sécurité
Dans ce contexte, la deuxième réunion des ANE Inde-Asie centrale, qui s’est tenue le 17 octobre à Astana, au Kazakhstan, s’est concentrée sur trois aspects principaux.
Tout d’abord, la conférence a discuté des mesures visant à renforcer la coopération en matière de cybersécurité, d’infrastructures numériques, de terres rares et d’échanges interpersonnels. Le conseiller de la NSA Ajit Doval a proposé d'organiser un forum Inde-Asie centrale sur les terres rares pour attirer les investissements du secteur privé. New Delhi a proposé de fournir gratuitement une technologie de paiement numérique pour faciliter la mise en place de systèmes de paiement numérique en temps réel, adaptés aux besoins des pays.
Deuxièmement, en ce qui concerne la connectivité, M. Ajit Doval a demandé à l’Asie centrale d’utiliser le port de Chabahar en Iran et les terminaux exploités par une société indienne pour le commerce maritime. Selon lui, les initiatives de connectivité doivent être transparentes, consultatives et globales, respectant la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les pays. De plus, les parties doivent respecter les normes environnementales et ne pas créer de dettes.
Enfin, M. Ajit Doval a souligné que le terrorisme constitue une menace sérieuse pour la paix et la sécurité internationales et qu’il ne peut être justifié sur aucune base. New Delhi peut donc fournir des programmes de renforcement des capacités aux pays d’Asie centrale dans la lutte contre le terrorisme et le trafic de drogue.
Dans ce contexte, la conférence constitue une nouvelle étape vers l’amélioration de la connectivité de l’Inde avec l’Asie centrale. La proposition de New Delhi de renforcer les capacités de paiement numérique et de cybersécurité arrive à point nommé, facilitant l’augmentation des échanges commerciaux entre l’Inde et les pays d’Asie centrale. L’institutionnalisation des engagements régionaux de l’Inde contribuera grandement à étendre son empreinte stratégique dans la région.
Toutefois, selon l’expert Pradhan, l’Inde doit prêter attention à deux aspects inquiétants. Premièrement, la menace terroriste s’est accrue à mesure que les forces extrémistes de la région reçoivent le soutien de diverses factions talibanes. En outre, l’activité militaire accrue de certains pays voisins à la frontière crée des obstacles dans les relations de l’Inde avec l’Asie centrale. Le soutien de l’Iran et de la Russie est « inestimable » pour l’Inde, car tous deux sont préoccupés par l’évolution de la situation en Afghanistan.
Tout en tenant compte de ces facteurs, l’Inde doit également poursuivre une politique « Connecter l’Asie centrale » plus robuste et proactive, en mettant en œuvre des projets de développement communautaire à fort impact (HICDP) pour le développement socio-économique en Asie centrale, contribuant ainsi au bénéfice des partenaires régionaux en général et de l’Inde en particulier.
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