Malgré des progrès significatifs sur le plan politique, avec la tenue de 18 élections, l’Afrique est toujours confrontée à de nombreux défis sécuritaires, à des conflits internes et à des ingérences extérieures.
« En difficulté » entre stabilité et instabilité
L'Afrique traverse actuellement une période de bouleversements institutionnels majeurs, où se conjuguent démocratisation, instabilité politique et coups d'État militaires. La démocratisation en Afrique est un processus instable, de nombreux pays conservant encore des systèmes politiques non démocratiques ou étant en période de transition incomplète. Certains gouvernements ont été accusés de fraude électorale, d'utilisation de l'appareil d'État pour réprimer l'opposition ou de restriction de la liberté de la presse, malgré les appels des Nations Unies et de l'Union africaine (UA) à améliorer la transparence du processus électoral et à renforcer le rôle de l'observation internationale.
Par ailleurs, les coups d' État militaires demeurent un problème urgent. Entre 2020 et 2023, huit coups d'État ont eu lieu dans des pays comme le Mali, la Guinée, le Burkina Faso, le Niger et le Soudan. Bien que l'UA ait imposé des sanctions pour limiter les gouvernements militaires, force est de constater que de nombreux gouvernements contrôlés par l'armée se maintiennent au pouvoir et n'envisagent pas de transférer le pouvoir à des gouvernements civils. Cette tendance continue donc de susciter des inquiétudes dans la région.
Surtout, la crise politique interne survenue dans certains pays organisant des élections a « mis à l'épreuve » la confiance de la population dans le processus de démocratisation. Bien que les élections se soient globalement déroulées sans heurts, des crises politiques internes et des controverses électorales ont persisté, provoquant une grave instabilité dans de nombreux pays.
La crise politique interne qui a sévi dans plusieurs pays africains en période d'élections a mis à mal la confiance des populations dans le processus de démocratisation. (Source : Al Jazeera) |
Au Sénégal, le report des élections a déclenché des manifestations massives, plongeant le pays dans une crise politique sans précédent. Au Mozambique, des allégations de fraude électorale ont entraîné des manifestations de grande ampleur, aggravant les tensions et les violences post-électorales. En Afrique du Sud et au Botswana, les divisions internes au sein des partis au pouvoir, conjuguées à la pression des partis d'opposition, ont gravement entamé la crédibilité de nombreux gouvernements , affaiblissant leur capacité à gouverner et à mener des politiques.
Dans ce contexte, les Africains sont sceptiques, voire insatisfaits du processus de démocratisation, notamment dans les pays où le pouvoir est concentré depuis trop longtemps entre les mains des partis au pouvoir.
En outre, de nombreux pays africains peinent à assurer une gouvernance économique, une prestation de services publics et l'État de droit. Selon l'Indice Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG) de la Fondation Ibrahim, bien que certains pays aient progressé en matière de transparence de la gouvernance et de lutte contre la corruption, l'efficacité institutionnelle globale reste faible dans de nombreux pays.
Plus précisément, si le Rwanda, le Botswana et l'île Maurice sont très bien notés pour leur efficacité en matière de gouvernance et de lutte contre la corruption, des pays comme le Soudan du Sud, la République centrafricaine et la Somalie figurent toujours parmi les pays où les capacités institutionnelles sont faibles, les systèmes administratifs inefficaces et la corruption généralisée. La corruption est toujours un problème brûlant dans la région, et de nombreux gouvernements africains ne parviennent pas à contrôler les abus de pouvoir des fonctionnaires. Les efforts de lutte contre la corruption initiés par l'UA et la Banque africaine de développement (BAD) ont obtenu des résultats positifs, mais n'ont pas eu beaucoup d'impact sur l'appareil administratif de ces pays.
Terres de feu et de fumée
Le bruit des coups de feu et des conflits n’a jamais cessé sur ce continent.
La Corne de l'Afrique continue de connaître une escalade des tensions entre la Somalie et l'Éthiopie, notamment après la signature par l'Éthiopie d'un accord avec le Somaliland sans l'avis de la Somalie. La situation est encore compliquée par la coopération militaire accrue entre des pays comme l'Égypte et l'Érythrée avec la Somalie, suscitant des inquiétudes quant à une alliance anti-éthiopienne. Dans la région des Grands Lacs africains, le conflit de longue date entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, accusés mutuellement de soutenir des groupes armés comme les rebelles du M23, a également accru la violence et entravé les efforts de paix régionaux. Parallèlement, la guerre civile au Soudan se poursuit, avec des conséquences humanitaires désastreuses, mais elle n'a guère retenu l'attention de la communauté internationale.
Ces trois défis, associés à un manque de ressources et de capacités de gouvernance, continuent de laisser l’Afrique confrontée à de profondes instabilités qui ont un impact majeur sur les progrès du développement.
Le conflit de longue date entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, dû à des accusations mutuelles de soutien à des groupes armés tels que les rebelles du M23, a également accru la violence et entravé les efforts de paix régionaux. (Source : France 24h) |
Au deuxième trimestre 2024, environ 1 000 attentats terroristes ont été perpétrés en Afrique, tuant plus de 4 800 personnes. Les régions les plus durement touchées sont :
Région du Sahel (Mali, Burkina Faso, Niger) : Les groupes islamistes extrémistes comme Al-Qaïda et l'État islamique (EI) ont multiplié les attaques contre les forces gouvernementales et les civils. Cette région demeure le foyer sécuritaire le plus grave d'Afrique, où des groupes terroristes comme l'EI Sahel et Al-Qaïda Nosra al-Islam y maintiennent une forte présence.
Somalie et Afrique de l’Est : Le groupe armé Al-Shabaab reste une menace majeure pour le gouvernement somalien et les pays voisins comme le Kenya et l’Éthiopie.
RD Congo : Des groupes rebelles tels que le M23 et la LRA continuent de semer l'instabilité dans l'est du pays.
L'incapacité des gouvernements à contrôler leurs territoires et à protéger les civils soulève des questions quant à l'efficacité des institutions de sécurité en Afrique. L'UA a déployé de nombreuses initiatives, telles que la force de maintien de la paix AMISOM en Somalie et des opérations de lutte contre le terrorisme au Sahel, mais leur efficacité reste limitée.
Les indicateurs économiques clés restent faibles.
Les taux d'inflation ont considérablement diminué entre 2022 et 2023 dans de nombreuses économies africaines, grâce à la stabilisation des prix des carburants et des céréales. Cependant, l'inflation moyenne en 2024 reste supérieure à 10 % en Angola, au Burundi, en Égypte, en Éthiopie, au Malawi, au Nigéria, en Sierra Leone, au Soudan du Sud, au Soudan et au Zimbabwe (principalement en raison de la dépréciation des monnaies) ; ainsi qu'au Ghana et en Zambie (en raison de la hausse des prix des denrées alimentaires due aux dégâts causés aux cultures suite à une grave sécheresse).
En 2024, plusieurs banques centrales d’Afrique (comme celles du Botswana, de l’Eswatini, du Ghana, du Kenya, du Libéria, de l’île Maurice, du Maroc, de la Namibie, du Rwanda, de l’Afrique du Sud et de l’Ouganda) ont abaissé leurs taux d’intérêt fin octobre après que la Banque centrale européenne a abaissé ses taux d’intérêt en juin et la Réserve fédérale américaine en septembre.
Au contraire, les banques centrales de certains pays comme l’Angola, le Burundi, le Cap-Vert, l’Égypte, le Malawi, le Nigéria, la Sierra Leone, la Tanzanie, la Zambie et le Zimbabwe ont augmenté leurs taux d’intérêt et resserré leur politique monétaire pour stabiliser les taux de change, car ils sont confrontés à de graves problèmes de balance des paiements.
En 2024, l'inflation moyenne restera supérieure à 10 % dans de nombreux pays africains. (Source : Financial Times) |
En outre, les marchés du travail africains continuent de manquer d'opportunités d'emploi pour répondre aux besoins d'une population en croissance rapide, d'un niveau élevé d'emploi informel et d'une économie de subsistance. Après une légère baisse en 2022-2023, les taux de chômage augmenteront à nouveau en 2024, notamment en Angola et en Afrique du Sud, la croissance économique étant inférieure à la croissance démographique.
Français En 2024, la population en âge de travailler en Afrique sera de 185 millions, soit une augmentation de 3 millions (2 %) par rapport à 2023. La croissance de la population active sera de 1,2 %, mais la croissance de l'emploi ne sera que de 0,7 %. Le taux de chômage des jeunes africains (15-24 ans) est élevé, à 22,8 %, en particulier chez les jeunes femmes. Parmi eux, les jeunes de la région d'Afrique du Nord ont le taux de chômage le plus élevé au monde, à 27,5 % (femmes 37,9 %, hommes 19,5 %), deuxième après les pays arabes (en raison de la caractéristique des pays arabes que les femmes ne travaillent pas). Le rapport du FMI en 2024 estimait que l'Afrique devait créer 15 millions de nouveaux emplois chaque année pour répondre à la population active croissante.
Les économies africaines restent confrontées à une dette extérieure. Selon la Banque africaine de développement, la dette extérieure totale du continent atteindra environ 1 150 milliards de dollars d'ici fin 2023, les paiements au titre de cette dette étant estimés à 163 milliards de dollars en 2024. Pour de nombreux pays africains, les paiements d'intérêts représentent une part importante des recettes publiques. La crise de la dette demeure un risque majeur pour les perspectives de développement durable de la région.
Par ailleurs, dans le contexte de l'économie des ressources, les projets miniers en Afrique se heurtent souvent à la résistance des communautés locales, préoccupées par leurs impacts environnementaux et le partage inéquitable des bénéfices. La mauvaise gouvernance entraîne également une surexploitation et des conflits liés aux ressources, notamment dans le secteur minier, provoquant des conflits dans des pays comme la République démocratique du Congo.
En particulier, la situation migratoire en Afrique continue d'augmenter en 2024, atteignant environ 43 millions de personnes. Les raisons sont les suivantes : pays aux bases économiques limitées, conflits constants, gouvernements instables, population jeune croissante, changement climatique… Selon les rapports de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et de l'organisation caritative Save the Children, l'Afrique est l'une des régions qui compte le plus grand nombre d'enfants migrants.
(à suivre)
Source: https://baoquocte.vn/chau-phi-tren-hanh-trinh-tu-chu-va-doi-moi-ky-ii-van-con-lam-bo-ngo-nhieu-dau-thuong-308053.html
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