Plusieurs compagnies maritimes chinoises ont suspendu toutes leurs expéditions vers et depuis Israël en raison des attaques des rebelles houthis du Yémen dans la mer Rouge, affectant leurs exportations. Mais c’est aussi une opportunité pour le pays de promouvoir efficacement le réseau ferroviaire de fret Chine-Europe (CERE).
18 compagnies maritimes chinoises dont CMA CGM, Maersk, China Ocean Shipping Group, COSCO... ont cessé leurs activités en mer Rouge. Le Groupe CMA CGM applique de nouveaux tarifs, doublés, à compter du 15 janvier pour la ligne Asie-Méditerranée en raison du non-passage par le Canal de Suez. Le prix de transport d'un conteneur est passé de 2 000 à 3 500 USD et de 3 000 à 6 000 USD pour les grands conteneurs. Le délai d'expédition sera prolongé de 10 à 14 jours car le colis doit parcourir 7 000 à 10 000 km supplémentaires via le Cap de Bonne-Espérance en Afrique du Sud.
Lars Jensen, fondateur de la société de services maritimes Vespucci Maritime et ancien cadre de Maersk, a déclaré qu'éviter la mer Rouge coûterait à un navire environ 2 millions de dollars de plus en carburant et autres frais. Cela signifie que pour un voyage aller-retour complet entre l’Asie et l’Europe, chaque navire pourrait entraîner des coûts supplémentaires de 4 millions de dollars.
Cependant, la crise du transport maritime en mer Rouge pourrait se transformer en une opportunité pour Pékin de développer le CERE. Certains exportateurs chinois se tournent vers le CERE, considéré comme « une alternative viable », car le chemin de fer est construit pour transporter des conteneurs. CERE fait partie de l'initiative « Ceinture et Route » (BRI) du président chinois Xi Jinping et constitue désormais une voie de transport maritime essentielle entre l'Asie et la Russie, après que Moscou ait été frappé par des sanctions occidentales en raison du conflit en Ukraine. Le CERE traverse plus de 100 villes dans 11 pays asiatiques et relie 217 villes dans 25 pays européens.
Bien que le transport de marchandises par chemin de fer soit plus cher que par voie maritime, les trains de la Chine vers l'Europe ne prennent qu'environ 12 jours, contre un transport maritime habituel de 35 à 45 jours. Selon les données du China State Railway Group, au cours des 11 premiers mois de 2023, le CERE comptait un total de 16 145 trains, transportant l'équivalent de près de 1,75 million de conteneurs. Le volume total de marchandises transportées durant cette période a dépassé le volume total enregistré pour l’ensemble de l’année 2022.
Un responsable supervisant le développement du transport ferroviaire CERE dans la province du Zhejiang a déclaré qu'avec la sécurité toujours menacée dans la mer Rouge, la ligne de chemin de fer présentait une valeur stratégique. La connectivité routière a également fourni une alternative au commerce maritime et a renforcé la résilience du commerce intercontinental.
Selon le professeur Song Wei, de l’École des relations internationales et de la diplomatie de l’Université des langues étrangères de Pékin : « Cette route jouera un rôle encore plus important à l’avenir, parallèlement au renforcement des échanges économiques et commerciaux entre la Chine et l’Europe. »
Le nombre de compagnies maritimes intéressées par le CERE a doublé depuis les troubles sécuritaires en mer Rouge, a déclaré Tommy Tan, président de Shanghai EPU Supply Chain Management. La Chine se prépare activement à augmenter sa capacité de services aller-retour pour répondre à la demande croissante des clients.
Khanh-MiNH
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