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| La décision de l'OPEP+ du 4 juin de réduire la production pour toute l'année 2024 est un signe que l'organisation est prête à soutenir les prix et à empêcher la spéculation. (Source : Reuters) |
Cette décision intervient après que deux grands producteurs de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses partenaires (OPEP+) ont annoncé des réductions de production.
Les prix du pétrole vont augmenter à court terme
Lors d'une réunion à Vienne (Autriche) le 4 juin, les pays de l'OPEP+ ont convenu de réduire encore leur production de pétrole jusqu'à la fin de l'année prochaine. Plus précisément, l’Irak a volontairement réduit sa production de 211 000 barils par jour, Oman de 40 000 barils par jour, l’Algérie de 48 000 barils par jour, le Koweït de 128 000 barils par jour et les Émirats arabes unis (EAU) de 144 000 barils par jour jusqu’à la fin de 2024.
Dans le même temps, l’Arabie saoudite va réduire sa production d’un million de barils par jour, à partir de juillet prochain.
En conséquence, la production pétrolière de l’Arabie saoudite en juillet 2023 tombera à 9 millions de barils par jour, contre environ 10 millions de barils par jour en mai – la plus forte baisse depuis des années.
Lors d'une conférence de presse, le ministre saoudien de l'Energie, Abdulaziz bin Salman, a déclaré que le pays pourrait prolonger les réductions et « fera tout ce qui est nécessaire pour apporter de la stabilité au marché pétrolier ».
Selon Jorge Leon, vice-président senior des études de marché sur le pétrole chez Energy Aspects (Royaume-Uni), cette nouvelle réduction pourrait faire grimper les prix du pétrole à court terme, mais l'impact dépendra de la décision de l'Arabie saoudite de prolonger ou non la réduction.
Cette baisse crée un plancher pour les prix car l’Arabie saoudite peut « volontairement réduire sa production aussi longtemps qu’elle le souhaite », a-t-il déclaré.
La chute des prix du pétrole a fait baisser les prix de l’essence aux États-Unis et a allégé le fardeau des consommateurs du monde entier dans un contexte d’inflation élevée et persistante. Toutefois, a déclaré M. Leon, les prix du gaz ne baisseront pas.
Dans le même temps, M. Tamas Varga, analyste chez PVM Energy Company (Royaume-Uni), a averti : « Si la pression inflationniste persiste et conduit à une baisse de la demande mondiale de pétrole, les réductions de l'offre pourraient être neutralisées. »
L'idée avancée par l'Arabie saoudite selon laquelle une nouvelle série de réductions est nécessaire laisse entrevoir des perspectives incertaines pour la demande de carburant dans les mois à venir.
On s’inquiète de l’affaiblissement des économies américaine et européenne, tandis que la reprise économique de la Chine après la levée des restrictions liées au Covid-19 n’a pas été aussi forte que beaucoup l’espéraient.
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| Les pays de l'OPEP+ ont convenu de réduire encore leur production de pétrole jusqu'à fin 2024. (Source : Reuters) |
L'OPEP+ prête à soutenir les prix
Auparavant, le 2 avril, l’OPEP+ s’était engagée à réduire sa production de 1,16 million de barils par jour supplémentaires, l’Arabie saoudite ouvrant la voie avec une réduction de 500 000 barils par jour, soit environ 5 % de la production, de mai à fin 2023.
L’OPEP+ a désormais réduit sa production sur papier de 4,6 millions de barils par jour. Cependant, certains États membres n’ont pas été en mesure de produire selon leurs quotas, de sorte que la réduction réelle a été d’environ 3,5 millions de barils par jour, soit l’équivalent de plus de 3 % de l’offre mondiale.
Les baisses précédentes n’ont pas eu d’effet durable sur les prix du pétrole. Le prix international du pétrole brut Brent, référence mondiale, a grimpé jusqu'à 87 dollars le baril, mais est tombé en dessous de 75 dollars le baril ces derniers jours.
Pendant ce temps, les prix du pétrole brut américain sont récemment tombés en dessous de 70 dollars le baril. La baisse des prix de l’énergie a également contribué à pousser l’inflation dans les 20 pays qui utilisent l’euro à son plus bas niveau depuis le lancement de la campagne militaire russe en Ukraine.
L’Arabie saoudite doit maintenir des revenus pétroliers élevés pour financer des projets de développement ambitieux visant à diversifier l’économie du pays.
Le Fonds monétaire international (FMI) estime que l’Arabie saoudite a besoin d’un prix du pétrole de 80,9 dollars le baril pour honorer ses engagements de dépenses prévus, y compris un projet appelé Neom, une ville futuriste dans le désert d’une valeur de 500 milliards de dollars.
Si les producteurs de pétrole comme l’Arabie saoudite ont besoin de revenus pour financer les budgets des États, ils doivent également prendre en compte l’impact de la hausse des prix sur les pays consommateurs de pétrole.
Des prix du pétrole trop élevés pourraient alimenter l’inflation, réduire le pouvoir d’achat des consommateurs et pousser les banques centrales comme la Réserve fédérale américaine (Fed) à procéder à de nouvelles hausses des taux d’intérêt, ce qui pourrait ralentir la croissance économique.
Dans le même temps, les réductions de production de l’Arabie saoudite et toute augmentation des prix du pétrole pourraient aider la Russie à augmenter ses revenus.
La Russie a trouvé de nouveaux clients pétroliers en Inde, en Chine et en Turquie alors qu’elle fait face à des sanctions occidentales visant à freiner ses revenus pétroliers.
Toutefois, la hausse des prix du brut risque de compliquer les échanges commerciaux de la Russie si les prix dépassent le plafond de 60 dollars le baril imposé au pays par le Groupe des Sept (G7), principales nations industrialisées.
Moscou a cherché à contourner le plafond des prix grâce à sa « flotte noire » de pétroliers. Toutefois, ces efforts augmentent le coût du transport du pétrole.
Selon l'agence de presse TASS , le vice-Premier ministre russe Alexander Novak a déclaré que dans le cadre de l'accord OPEP+, Moscou prolongerait sa réduction volontaire de production de 500 000 barils par jour jusqu'à la fin 2024. Cependant, la Russie pourrait ne pas respecter son engagement.
Dans son rapport sur le marché pétrolier d'avril 2023, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a déclaré que les exportations totales de pétrole et de produits pétroliers raffinés de la Russie tels que le diesel en avril 2023 ont atteint un sommet de 8,3 millions de barils par jour.
La décision de l'OPEP+ du 4 juin de réduire sa production pour l'ensemble de l'année 2024 est un signe que l'organisation est prête à soutenir les prix et à empêcher la spéculation, selon les analystes.
« C’est un signal clair adressé au marché : l’OPEP+ est prête à fixer un niveau plancher aux prix et à défendre ce niveau », a déclaré Amrita Sen, cofondatrice du cabinet de conseil Energy Aspects.
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