Les médias d'État russes ont rapporté que pour la première fois, le missile balistique hypersonique Kinzhal a été déployé par un chasseur-bombardier multirôle Su-34, lors d'une opération militaire spéciale en Ukraine. Cela marque un changement tactique dans l’utilisation de la puissance aérienne par Moscou dans le conflit actuel.
L'agence de presse russe TASS a rapporté le 4 septembre que « des avions Su-34 ont utilisé des missiles hypersoniques Kinzhal lors d'une frappe aérienne sur des cibles en Ukraine ».
Missile Kinzhal
Kinzhal est un missile balistique de fabrication russe, également connu sous le nom de « Dagger », le missile a une portée de plus de 2 000 km et atteint des vitesses hypersoniques de Mach 10-12. Kinzhal est capable d'effectuer des changements de trajectoire pour échapper aux missiles de défense aérienne ennemis à toutes les étapes du vol. Il s’agit de l’une des trois armes hypersoniques avancées que la Russie a mises en service depuis 2018 (les deux autres sont le véhicule planeur Avangard et le missile de croisière Zircon).
Le missile hypersonique Kinzhal est l'une des dernières réalisations de l'industrie de défense russe, il est généralement équipé sur le chasseur MiG-31K. Le Kinzhal est très maniable, conçu pour frapper des cibles terrestres et maritimes.
Bombardier Su-34 avec missile Kinzhal.
L'armée ukrainienne a déclaré que depuis le début du conflit, Moscou a lancé à plusieurs reprises des attaques avec des missiles Kinzhal sur le territoire ukrainien, mais en nombre inférieur à celui des autres types de missiles. Auparavant, les missiles Kinzhal étaient lancés depuis les airs principalement depuis des avions MiG-31K, et non depuis le chasseur-bombardier supersonique bimoteur Su-34.
Les médias russes ont également rapporté que les bombardiers stratégiques Tu-22M3 et les chasseurs-bombardiers Su-34 pourraient être modifiés pour transporter des missiles Kinzhal. L'attaque récente a également été la première fois qu'un bombardier Su-34 lançait avec succès un missile Kinzhal.
Déplacement raisonnable
Modifier le Su-34 pour qu'il puisse transporter le missile Kinzhal est une « décision logique » pour l'armée russe, selon Sidharth Kaushal, chercheur au Royal United Services Institute, basé à Londres.
Cette modification réussie a permis à l'armée de l'air russe de « libérer » ses MiG-31 pour servir d'intercepteurs de première ligne, a-t-il déclaré à Newsweek.
« Dans ce rôle, le radar longue portée du MiG-31 et les missiles intercepteurs R-37 seront très utiles comme outil pour intercepter les avions ukrainiens », a-t-il ajouté. L'expert a noté qu'en théorie, le système radar du MiG-31 peut identifier les missiles de croisière ennemis et agir comme une arme anti-missile de croisière.
Kaushal soutient que « si nous utilisons le Su-34 comme lanceur de missiles au lieu du MiG-31, nous pourrions voir le MiG-31 dans un rôle plus défensif, en particulier contre les avions et les missiles de croisière ».
Moscou salue le Kinzhal comme l'une des armes de nouvelle génération « imparables », capable de se déplacer à dix fois la vitesse du son. Toutefois, selon les experts occidentaux, l’évaluation de la Russie selon laquelle le missile Kinzhal ne peut pas être arrêté est erronée et ce missile n’est pas complètement invulnérable aux systèmes de défense aérienne comme le prétend la Russie.
Su-34 russe.
Critiques de l'Ouest
L'expert militaire David Hambling avait précédemment déclaré à Newsweek que « tout indique que le Kinzhal est simplement un missile balistique lancé par avion » avec une maniabilité limitée, plutôt qu'une véritable arme hypersonique.
La Russie dispose actuellement d’un nombre très limité de missiles Kinzhal. Si le pays dispose de davantage de lanceurs capables de transporter des missiles, cela ouvrirait la possibilité à la Russie d'augmenter la production de ces missiles et de les utiliser comme armes conventionnelles, a déclaré Hambling à Newsweek le 4 septembre.
Selon l'armée ukrainienne, ses défenses aériennes ont abattu plusieurs missiles Kinzhal au cours des derniers mois. L'Ukraine « a abattu avec succès un missile Kinzhal » tiré depuis un MiG-31K début mai 2023, a déclaré le commandant de l'armée de l'air ukrainienne, le lieutenant-général Mykola Oleschuk. Le Pentagone a confirmé plus tard qu'un système Patriot exploité par l'Ukraine avait intercepté un missile Kinzhal, mais le ministère russe de la Défense a démenti l'information.
L'Ukraine affirme avoir abattu plus de deux douzaines de missiles Kinzhal au cours des derniers mois. « Le Kinzhal est plus vulnérable qu'on ne le pense, ce qui pourrait surprendre et embarrasser la Russie », a déclaré le ministère britannique de la Défense dans un message publié sur les réseaux sociaux à la mi-mai.
MiG-31K avec missile Kinzhal.
Intégrés aux avions de chasse, les capacités uniques du missile balistique Kinzhal ont joué un rôle très important dans l'arsenal russe. Kinzhal compense efficacement les lacunes dans d’autres aspects du secteur de la défense russe.
Ce sont notamment les retards importants dans le déploiement des chasseurs furtifs, dont les programmes russes sont considérablement en retard par rapport à ceux de ses rivaux chinois et américains, qui ont nécessité de telles mesures.
Depuis décembre 2017, le missile hypersonique Kinzhal est déployé pour des tests dans les forces armées russes. Selon les médias d’État russes, l’armée russe a utilisé ce missile pour la première fois lors d’une opération militaire spéciale en Ukraine le 18 mars 2022.
Le Hung (Newsweek)
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