À l’ère du numérique, la science et la technologie, l’innovation et la transformation numérique deviennent des moteurs de développement essentiels pour chaque pays. Le Vietnam, avec ses fortes aspirations à l’essor, s’intègre également activement dans cette tendance, tout en recherchant des opportunités de coopération internationale pour un développement mutuel.
Pour promouvoir ce processus, le Parti et l'État ont publié la Résolution 57, que le Secrétaire général To Lam a comparée à une « Résolution pour libérer la pensée scientifique », ouvrant la voie à des percées audacieuses. Cependant, le chemin qui mène de la politique à la pratique est toujours semé d’embûches et nécessite la coopération de la communauté internationale.
Pour mettre en œuvre efficacement la résolution 57, nous devons renforcer la coopération internationale, en nous appuyant ensemble sur les épaules des géants, en apprenant, en partageant et en appliquant les réalisations et les expériences technologiques des pays avancés, tout en maximisant notre propre force interne et notre potentiel créatif.
Le journaliste du journal Dan Tri s'est entretenu avec M. Olivier Brochet, Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire de France au Vietnam, pour écouter son partage sur le potentiel d'élargissement de la coopération en matière de formation, de recherche et de transfert de technologie pour promouvoir l'innovation, la science et la technologie et le développement durable du Vietnam.
- Tout d’abord, je pense que le facteur le plus important est la détermination politique . Cela est clairement démontré dans la résolution 57 du Politburo vietnamien, dont l’objectif est d’augmenter le ratio budgétaire pour la recherche et le développement du niveau actuel de 0,57 % du PIB à 2 % du PIB dans les temps à venir.
Cela démontre non seulement la détermination, mais aussi les ressources que le Vietnam consacre à la recherche et au développement scientifiques et technologiques, tout en aidant le Vietnam à créer une marque claire et à démontrer un engagement fort, attirant ainsi l'attention et favorisant la coopération des partenaires internationaux.
Deuxièmement, non seulement la France mais aussi la communauté internationale en général reconnaissent la détermination du Vietnam à innover et à améliorer le cadre juridique, ainsi qu'à ajuster les règles pour créer des conditions plus favorables pour que les experts étrangers viennent travailler au Vietnam.
En outre, le Vietnam prend également des mesures énergiques pour mettre en œuvre des projets avec des éléments étrangers et créer un environnement favorable à la coopération avec des partenaires internationaux.
Il s’agit d’une condition importante pour promouvoir la coopération internationale. Nous apprécions hautement la détermination du Vietnam et soutenons cette volonté.
- Pour renforcer la coopération internationale dans le domaine de la science et de la technologie entre le Vietnam et les partenaires étrangers, au service du processus de développement du pays, je pense qu'il est nécessaire de noter les points importants suivants :
Premièrement, le Vietnam doit s’assurer que toutes les questions liées aux droits de propriété intellectuelle sont strictement protégées.
Deuxièmement, il est nécessaire de faciliter la coopération entre les secteurs public et privé, de promouvoir les liens entre les agences d’État et les partenaires de recherche et développement.
Troisièmement, le Vietnam doit encourager davantage les étudiants à poursuivre des études supérieures en sciences et technologies, au lieu de s’arrêter au niveau du baccalauréat.
Car aujourd’hui, 90 à 95 % des diplômés universitaires choisissent d’aller travailler immédiatement. Il s’agit d’un obstacle certain au développement de la science et de la technologie au Vietnam.
- La France dispose de tous les atouts en matière de recherche, de formation, de transfert et d'application de technologies pour les activités de développement scientifique, technologique et économique.
Dans ce contexte, votre pays identifie des domaines clés sur lesquels se concentrer pour le développement et la partie française est prête à apporter son soutien par le biais d'universités, d'instituts de recherche, de startups et d'entreprises en France... qui ont tous des produits et des programmes pouvant proposer une coopération avec le Vietnam.
Par ailleurs, le Vietnam met en œuvre de nombreux projets d’envergure, notamment des projets appliquant de nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle et les semi-conducteurs, et la France est prête à accompagner le Vietnam dans ces projets.
Par exemple, dans le secteur de l’énergie, la France souhaite coopérer avec le Vietnam pour garantir des sources d’énergie au service du développement économique et de la croissance du pays, tout en aidant le Vietnam à respecter son engagement international de devenir neutre en carbone d’ici 2050.
Dans ce domaine, notamment le nucléaire, la France dispose de grands atouts. Il s’agit d’un domaine innovant et révolutionnaire et nous avons beaucoup à partager avec votre pays.
- Nous avons fait des propositions exprimant notre volonté de coopérer avec le gouvernement vietnamien en matière de technologie énergétique, dont la France dispose au plus haut niveau mondial.
Nous nous engageons à mettre en œuvre des projets garantissant la sécurité - un facteur extrêmement important - tout en garantissant des performances élevées et une efficacité économique.
Si les deux pays parviennent à coopérer dans le domaine de l’énergie nucléaire, ce projet constituera un tournant majeur dans les relations bilatérales.
Car lors de la mise en œuvre du projet, le Vietnam a besoin de programmes de grande envergure pour l’accompagner, formant des milliers d’ingénieurs et d’étudiants dans ce domaine pour répondre à la demande. Dans le même temps, le Vietnam doit former une chaîne comprenant des industries de soutien pour assurer le bon fonctionnement de l’ensemble du système de centrales électriques.
Le deuxième domaine d’innovation économique et technologique sur lequel la France souhaite coopérer avec le Vietnam est le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse Nord-Sud. Il s’agit d’un projet qui, une fois mis en œuvre, créera un bond en avant dans le développement de votre pays.
Nous pensons que le Vietnam peut absolument faire ce saut, mais seulement s’il dispose d’un partenaire international fort avec lequel coopérer.
La proposition de la France de coopérer avec le Vietnam dans ce domaine du développement du chemin de fer à grande vitesse s'inspire du modèle de coopération que la France a récemment mis en place avec le Maroc.
Non seulement nous avons aidé le Maroc à construire son premier chemin de fer à grande vitesse, mais nous soutenons désormais la construction d’un deuxième.
Ce qui est important dans cette coopération, c’est que nous avons eu une coopération active dans le domaine de la formation et du transfert de technologie, pour garantir que la partie marocaine puisse maîtriser puis exploiter de manière indépendante son système ferroviaire à grande vitesse.
C’est exactement ce que la France veut partager avec le Vietnam.
Nous soulignons que le domaine des chemins de fer à grande vitesse nécessite des technologies extrêmement complexes. Donc, réussir à transférer avec succès, c'est une histoire dont on est très fier.
Par ailleurs, la France souhaite également coopérer dans de nombreux autres domaines comme celui de la santé, en complément des coopérations traditionnelles que nous menons déjà.
Fort de la présence de trois Instituts Pasteur au Vietnam et de la présence de nombreuses entreprises françaises au Vietnam, nous pouvons tout à fait envisager une coopération pour développer ce domaine.
Il s’agit également d’un domaine innovant et révolutionnaire, par exemple dans la production de vaccins ou de produits pharmaceutiques au Vietnam. Il ne s’agit pas seulement d’avoir des produits à vendre sur le marché, mais grâce au processus de coopération, nous pouvons également améliorer la capacité des partenaires vietnamiens dans ce domaine technologique.
- Nous disposons d'une cellule appelée Campus France, spécialisée dans l'accompagnement et la promotion des études en France, et en même temps dans le soutien aux projets de formation universitaire française au Vietnam.
Dans les temps à venir, nous sommes prêts à étendre la formation à davantage de jeunes vietnamiens dans les programmes éducatifs français.
Il faut ajouter que la France ne veut pas seulement former des ingénieurs ou des techniciens capables d’exercer un métier, mais attend aussi d’eux qu’ils deviennent des personnes visionnaires en matière de science et de technologie.
Ces personnes doivent être capables de poser des problèmes de développement scientifique et technologique, ainsi que de diriger et de gérer des groupes de recherche dans ce domaine.
Un autre aspect est que la France dispose d’un centre de renforcement des capacités qui aide les entreprises à améliorer leur compétitivité sur le marché.
Actuellement, nous avons 55 unités fonctionnant selon ce modèle. Chaque unité se concentrera sur un domaine spécifique tel que les soins de santé ou la technologie.
Il ne s’agit pas seulement d’un lieu qui rassemble des structures de formation universitaire, mais également des instituts de recherche, des startups et des sociétés de développement d’applications.
Sur cette base, nous pouvons faciliter le partage d’informations entre les différentes étapes, de la formation, de la recherche à l’application et au développement dans la chaîne commerciale, contribuant ainsi à améliorer la compétitivité des entreprises sur le marché.
Je pense qu’il y a une grande similitude entre le Vietnam et la France, qui est le rôle de l’État dans le développement de la science et de la technologie. L’État ne doit pas seulement se contenter de créer un environnement favorable, mais aussi investir directement dans un certain nombre de domaines clés pour promouvoir le développement.
Par exemple, dans l’esprit du Sommet sur l’intelligence artificielle (IA) qui s’est tenu à Paris en février, le président français Emmanuel Macron a annoncé un programme d’investissement de 109 millions d’euros dédié au secteur de l’IA.
En réfléchissant à cette nouvelle étape de développement des relations bilatérales, nous espérons profiter de cet élan pour créer un moment fort, une forte dynamique de développement dans la relation de coopération entre les deux pays.
Dans un avenir proche, au Vietnam, la France lancera un projet appelé « Année française de l'innovation au Vietnam », en collaboration avec le Centre national d'innovation (NIC) avec la volonté de coopérer dans tous les domaines de développement, afin de promouvoir cet esprit de coopération approfondie.
- L'important est de savoir qui est le « géant ». S'il s'agit d'un géant qui est toujours menaçant et qui peut vous écraser, alors je pense que c'est un risque, pas une opportunité.
Si cette personne est disposée à accompagner, à soutenir et à transférer la technologie pour améliorer les capacités, il s’agit alors clairement d’une coopération non seulement nécessaire mais également indispensable.
C'est pourquoi, dans tous les domaines d'innovation de rupture que nous avons évoqués aujourd'hui, par exemple dans les domaines de l'énergie, du ferroviaire, de la santé, l'approche française n'est pas de fixer les coûts ou les prix comme un contrat commercial, mais de vouloir transférer.
La France est disposée à mobiliser l’ensemble de l’écosystème, entreprises et unités de recherche, pour participer au processus de formation avec le Vietnam sur le long terme. Dans lequel l’État vietnamien et le gouvernement français se coordonnent pour assurer une coopération équilibrée et à long terme pour le partenariat entre les deux pays.
- Nous suivons de près les décisions du gouvernement vietnamien, en particulier les politiques menées par le secrétaire général To Lam. Je considère que c'est lui qui a directement orienté cette direction et je considère que c'est la bonne décision.
Nous tenons à souligner que, dans le cadre de nos relations bilatérales avec le Vietnam, nous avons maintenu, au cours des 30 dernières années, une relation de coopération étroite dans les domaines de la formation et de la recherche.
Ceci est clairement démontré par le fait que des dizaines de milliers d’étudiants vietnamiens ont été formés ces derniers temps dans des universités et des instituts de recherche de premier plan en France.
Par ailleurs, environ 3 000 médecins vietnamiens ont été formés en France. Après avoir terminé le programme, ils rentrent chez eux et occupent des postes importants dans le système de santé vietnamien.
Dans la période actuelle où le Vietnam promeut la formation des ressources humaines scientifiques et technologiques auprès des jeunes, la France est toujours prête à accompagner le Vietnam. Ce désir est tout à fait fondé, car la France est l’un des pays leaders en matière de recherche scientifique, ce que peu de jeunes Vietnamiens comprennent peut-être vraiment.
Les gens ne savent peut-être pas que le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) est l’unité qui compte le plus grand nombre de publications de recherche internationales au monde, avec 60 % des recherches ici co-écrites par des scientifiques internationaux, et pas seulement des chercheurs français.
De plus, l’école française de mathématiques est également considérée comme l’une des écoles leaders au monde. La France est également le deuxième pays en termes de nombre de citoyens ayant remporté la médaille Fields - y compris le professeur Ngo Bao Chau.
Le professeur Ngo Bao Chau a étudié en France grâce à une bourse du gouvernement français et les travaux qui lui ont permis de remporter le prix Fields ont également été réalisés en France.
En termes de nombre de prix Nobel, la France se classe également au 4e rang mondial. On peut dire que tous les 2-3 ans, un scientifique français ou un groupe de recherche avec la participation de scientifiques français est honoré du prix Nobel dans un certain domaine.
Dans le domaine des applications scientifiques et technologiques, la France est le deuxième pays au monde en termes de nombre de brevets. Cela prouve que la France dispose d’un écosystème complet et performant, de la formation, de la recherche jusqu’à l’application.
Forte de cette force, la France est prête à rechercher, accompagner et partager avec le Vietnam dans le processus de développement scientifique et technologique dans les temps à venir.
Dans les domaines de la médecine, de l’agriculture et de la transformation alimentaire, nous entretenons des relations de coopération de longue date. Dans le domaine des transports, les deux parties ont également coopéré étroitement, notamment dans le secteur aéronautique.
Nous espérons toutefois, dans les temps à venir, étendre notre coopération au secteur ferroviaire, car c’est l’un des domaines dans lesquels nous sommes pionniers. Le Vietnam mettra notamment en œuvre un certain nombre de projets importants, notamment le projet de chemin de fer à grande vitesse.
Il existe également d'autres coopérations telles que la recherche spatiale, l'énergie, en particulier le projet de centrale nucléaire du Vietnam, dans lesquels nous avons également des atouts et une volonté de coopération.
Par ailleurs, dans d’autres domaines comme l’intelligence artificielle (IA), nous possédons également des atouts et souhaitons partager et accompagner le Vietnam dans le développement de ces technologies avancées.
- Je voudrais souligner un aspect particulier de la relation bilatérale entre la France et le Vietnam, à savoir l’environnement et les conditions extrêmement favorables à la promotion de la coopération scientifique entre les deux pays.
Tout d’abord, nous avons une relation étroite entre les Français et les Vietnamiens. Il est à noter que de nombreux jeunes Vietnamiens sont partis étudier en France et, à leur retour, ont noué des relations de coopération avec des partenaires français.
Par ailleurs, de nombreux fonctionnaires français travaillent également au Vietnam. Il s’agit d’un environnement extrêmement favorable pour promouvoir la coopération en matière de formation et de recherche entre les deux pays.
Au Vietnam, il existe actuellement trois projets de coopération en matière de formation remarquables avec la France. Il s’agit notamment de l’Université des Sciences et Technologies de Hanoi, du programme de formation d’ingénieur de haute qualité et du Centre de formation en management franco-vietnamien.
De plus, nous disposons également de nombreuses unités de recherche françaises avec des bureaux et des installations au Vietnam, notamment l'Institut de recherche pour le développement IRD, le Centre international de recherche pour le développement agricole CIRAD ou les 3 Instituts Pasteur au Vietnam, qui font partie du système des Instituts Pasteur français dans le monde, et ont mené de nombreux projets de recherche et de coopération importants avec le Vietnam dans de nombreux domaines.
Merci Monsieur l'Ambassadeur d'avoir pris le temps de participer à cette conversation !
Contenu : Doan Trung Nam
Photo : Quyet Thang
Conception : Huy Pham
21/04/2025 - 07:06
Source : https://dantri.com.vn/cong-nghe/dai-su-phap-san-sang-huy-dong-ca-he-sinh-thai-giup-viet-nam-dot-pha-20250409192354486.htm
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