Les experts internationaux ont fait de nombreuses observations importantes à la suite du tir d'essai du missile Chollima-1 par la Corée du Nord, mais ils ont déclaré qu'il s'agissait d'un échec.
 |
| Une partie du « lanceur de satellites » nord-coréen a été récupérée par la Corée du Sud dans la mer Jaune. (Source : Ministère de la Défense nationale de Corée) |
Un design sophistiqué, un tremplin vers l'avenir
Le lanceur utilisé lors du dernier lancement de satellite par la Corée du Nord semble être de nouvelle conception et utiliser probablement un moteur développé pour les missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) du pays, ont déclaré des analystes le 1er juin.
Le missile, baptisé Chollima-1, a échoué lors de sa première tentative de lancement le 31 mai. Les médias d'État nord-coréens ont rapporté que la fusée avait décollé avec succès, mais que le deuxième étage n'avait pas été lancé comme prévu et qu'elle était tombée dans la mer.
Dans un geste rare, les médias d'État nord-coréens ont également publié des photos du lancement du missile malgré l'échec, offrant aux analystes internationaux un premier aperçu du nouveau lanceur.
« Le lanceur que nous voyons est d'une conception complètement différente de celle de l'ancienne série de lanceurs spatiaux Unha », a déclaré Ankit Panda du Carnegie Endowment for International Peace, basé aux États-Unis. Il semble qu'il utilise un moteur qui est apparu dans un précédent missile balistique intercontinental nord-coréen.
Joseph Dempsey, chercheur en défense à l'Institut international d'études stratégiques, a également conclu que le missile pourrait être propulsé par un moteur à carburant liquide à double tuyère similaire à celui équipé sur l'ICBM Hwasong-15 de la Corée du Nord.
Certains experts pensent que ce moteur est dérivé de la famille de moteurs soviétiques RD-250, tandis que le précédent lanceur spatial Unha utilisait un groupe de moteurs dérivé du missile Scud.
« Bien que les gaz d'échappement de Chollima-1 semblent clairs, suggérant un carburant liquide, des sédiments gris clair se sont déposés autour de la rampe de lancement et des champs voisins. La cause de ces sédiments est inconnue », a indiqué dans un rapport le site Internet de surveillance de la Corée du Nord 38 North, basé aux États-Unis.
Les États-Unis, comme d’autres pays, affirment que l’utilisation de la technologie des missiles balistiques pour les lancements spatiaux viole les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies interdisant les programmes de missiles et d’armes nucléaires de la Corée du Nord.
Contrairement au dernier lancement de satellite de la Corée du Nord en 2016, le pays dispose désormais d'un programme ICBM robuste et n'a pas besoin de déguiser ses tests d'armes en lancements de satellites, a déclaré Panda.
Chollima-1 semble être un lanceur spatial de moyenne capacité destiné à envoyer de petits satellites en orbite terrestre basse.
M. Panda a ajouté que l'objectif déclaré de la Corée du Nord - être capable à terme de lancer plusieurs satellites sur une seule fusée - suggère qu'elle pourrait déployer un lanceur plus grand à l'avenir.
La Corée du Sud a déclaré qu'elle travaillait à retrouver des pièces du missile nord-coréen, publiant des photos montrant ce que les analystes ont dit être une pièce conçue pour relier les deux étages et un réservoir interne de propulseur liquide.
L'armée sud-coréenne a déclaré que les opérations de recherche se poursuivaient et que des navires spécialisés supplémentaires étaient déployés.
Le ministre sud-coréen de la Défense, Lee Jong Sup, a déclaré à l'Assemblée nationale le 1er juin : « La pièce que nous avons trouvée semble être le deuxième étage de la fusée. Nous poursuivons nos opérations de recherche pour en trouver davantage.
Il a déclaré qu'un objet volumineux et lourd était toujours immergé sous l'eau et qu'il faudrait du temps et un équipement spécialisé pour le soulever.
Possibilité d'importer du matériel de l'étranger
Si la Corée du Sud peut récupérer des composants majeurs d'un missile nord-coréen dans l'eau, cela pourrait fournir des renseignements utiles sur la production de fusées et de missiles de la Corée du Nord, en particulier sur les matériaux étrangers que le pays pourrait utiliser, a déclaré Panda.
« Nous pensons de plus en plus que la Corée du Nord a réussi à devenir largement autosuffisante dans la production de cellules d’avions, en produisant la majorité des composants structurels des moteurs, mais il est toujours possible que certains composants soient importés de l’étranger », a-t-il déclaré.
Un jour seulement après l'échec de la première tentative, Kim Yo Jong - la puissante sœur du leader nord-coréen Kim Jong Un - a déclaré le 1er juin que Pyongyang mettrait bientôt en orbite un satellite espion « précisément ». Une deuxième tentative sera faite prochainement.
« Il est certain que le satellite de reconnaissance militaire de la RPDC sera placé en orbite spatiale dans un avenir proche et commencera sa mission », a-t-elle souligné.
Cependant, un député sud-coréen, citant les services de renseignement sud-coréens, a déclaré à Reuters le 31 mai qu'il n'était pas clair quand la Corée du Nord pourrait procéder à un autre lancement car cela pourrait prendre des semaines ou plus pour résoudre les problèmes qui ont causé l'échec du dernier lancement.
Les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont critiqué ce lancement, affirmant qu'il violait les résolutions de l'ONU interdisant à Pyongyang de procéder à des essais utilisant la technologie des missiles balistiques.
Les analystes préviennent également que si la Corée du Nord réussit, les capacités de surveillance par satellite pourraient constituer un problème majeur, permettant à Pyongyang de cibler plus précisément les forces américaines et sud-coréennes.
Chun In Bum, un général de l'armée sud-coréenne à la retraite, a déclaré à l'AFP : « Les utilisations militaires des satellites comprennent la reconnaissance (collecte de renseignements), les informations de positionnement global et les attaques contre les satellites ennemis. »
Depuis l’échec des efforts diplomatiques en 2019, la Corée du Nord a intensifié son renforcement militaire, en effectuant une série d’essais d’armes interdites, notamment le lancement d’essai de plusieurs missiles balistiques intercontinentaux.
L’année dernière, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a déclaré que son pays était une puissance nucléaire irréversible et a appelé à une augmentation exponentielle de la production d’armes, y compris d’armes nucléaires tactiques.
Source
Comment (0)